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==> Les cartes du Réart
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Le Réart, notre riviére

Il ne peut y avoir de vie sans eau. Elément indispensable, elle est souvent à l'origine du choix de l'implantation d'un village : elle délimite le territoire ou elle est le cœur même du lieu. Notre commune a comme frontière nord le ruisseau de la Fosseille et sud le Réart sur plus de deux kilomètres. Dans les archives, cette rivière existait déjà sous les carolingiens et wisigoths, appelée en 872 "rivo arido", elle devient en 902 "super rivo Ricardo" (archive d'Alart) et en 932, "rio Aridum" (fossa, 2, 39). En 1155 nous la trouvons sous le nom de "Reardo" (archive Marca Hispana), en 1183 "Riardi" transformé par la voie populaire en "Riart", puis en "Rart" et enfin en "Réart".

Le Réart est un torrent qui prend naissance au nord du canton de Céret, près de Montoriol ; il reçoit les eaux de la Canterane. Bien que torrentiel le Réart permet depuis sa source l'arrosage de 600 ha de terre cultivée comprise entre les rivières de la Têt et du Tech et draine les eaux d'un bassin versant de 160 km2 (chevelu du Réart ). D'après une étude des Sociétés Agricoles des P.O., le Réart est un torrent qui ne provoque pas de grosses inondations si son lit n'est pas obstrué, ce qui est souvent le cas : de nombreux arbustes et roseaux se développent dans son lit durant les périodes de longues sécheresses. Nous ne le décrirons que dans sa partie aval qui nous intéresse plus particulièrement, c'est à dire de Villeneuve de la Raho jusqu'à la mer. Cette partie de territoire se divise en trois zones (les dépressions fermées ) :
1) la zone des étangs : lorsque la mer se retire à l'ère tertiaire, elle laisse derrière elle un chapelet de petites dépressions remplies d'eau salée. Les unes s'assécheront en partie au fil du temps et d'autres, aux terrains imperméables, formeront des marécages. Une demi-douzaine subsisteront jusqu'aux temps modernes comme les étangs de Bajoles, Bages, Villeneuve, d'Avalri et de Saleilles.
2) la zone de dépôt récent, plane, formée comme nous l'avons vu au Quaternaire, qui s’étend jusqu’à la limite de la mer d'il y a 2500 ans : l’étang de Saint Nazaire n’existait pas encore. Sur cette zone, les lits des rivières ont divagué au gré du temps et des crues. Avant l'époque romaine, le Réart a bifurqué à Saleilles pour passer à l'est d'Alénya (carte géomorphologique ) et se jeter directement en mer. A noter aussi l’ancien lit du Tech qui passait par Elne.
3) la zone littorale récente qui a moins de 2500 ans est formée de nombreuses lagunes dont celle de Canet - Saint Nazaire. Cet étang, qui n’existait pas à l’époque romaine, était une baie largement ouverte sur la mer au moyen âge. C'est pour cela que nous n'en trouvons pas trace dans les écrits antérieurs à cette époque.

Voyons en détail ces trois zones liées au Réart :

A -
Le lac de Villeneuve

Le lac de Villeneuve de la Raho est une dépression fermée, obstruée à l'est par un cordon dunaire de plusieurs mètres de hauteur qui s'étend depuis les buttes molassiques du Mas Barrère au nord jusqu'à celles qui limitent l'étang au sud. Nous sommes donc en présence d'un ancien golfe marin fermé par un cordon sableux littoral, en arrière duquel les eaux salées se sont concentrées par évaporation, laissant d'importantes accumulations salines dans les alluvions, très fines, de remblaiement, déposées par les eaux sauvages. La dépression de Villeneuve de la Raho a une superficie de 180 ha environ. Dans le passé, l'étang qui occupait alors la dépression s'est complètement asséché lors de certains étés ; la couche de sel qui se déposait était suffisamment épaisse pour que l'administration se dût de surveiller les habitants qui venaient la récolter. Jalabert, en 1819, indique que la cristallisation fut parfaite en 1782, 1817 et 1818. L'assèchement de l'étang a été envisagé très tôt. C'est ainsi qu'en 1272, Guillaume III de Canet reçut de Jacques de Majorque l'autorisation d'y dévier les eaux du Réart pour l'assainir, construire des moulins et favoriser la pêche. Les travaux retrouvés, ont montré que le projet avait alors reçu un commencement d'exécution. Mais aucune trace ne permet cependant de penser que les eaux du Réart aient pu parvenir à l'étang. L'assèchement définitif fut entrepris de 1844 à 1860 par M. Azémar, propriétaire de l'étang qui dépensera 100 000 francs or pour les travaux. L'idée était de faire passer le Réart au travers des terres asséchées pour en extraire le sel. Outre une opposition des communes de Théza, Saleilles-Cabestany et Alénya qui ont peur de ne plus avoir d'eau pour leurs troupeaux, les aménagements n'ont pas donné les résultats escomptés car, d'une part, la crue du Réart de 1898 a modifié de 30 m le cours normal du torrent, supprimant ainsi l'alimentation du canal d'amenée, d'autre part les propriétaires qui se sont succédé n'ont effectué aucune réparation, et l'exutoire, mal entretenu, ne remplit plus ses fonctions. De ce fait, la salification des sols de l'ancien étang rend toute culture aléatoire. Après quelques essais de culture de riz, de céréales et plantes fourragères, le fond de la cuvette s'est peu à peu transformé en marécage saumâtre et fût utilisé comme parcours à ovins en périodes de basses eaux. Remis en eau en 1979, cet étang est un réservoir de 18 millions de m3 d'eau et a une surface de 200 ha. Il est fermé par une digue de terre avec un noyau central d'argiles. 253 000 m3 de remblais ont été mis en place. Il est rempli par les eaux excédentaires du canal de Perpignan (de novembre à mars) lui même alimenté par les eaux du barrage de Vinça. L'étang n'a aucun lien avec le Réart dont le lit de la rivière est plus bas que le lac. Son éxutoire est relié par un souterrain à "l'agouille de la mar". Cette retenue d'eau sert depuis les années 1990 de réserve d'eau pour alimenter des canadair et hélicoptères dans la lutte contre les incendies de fôret.


B -
Le Réart à Saleilles

Ce torrent a toujours eu un cours identique à celui que l'on connaît de sa source jusqu'au niveau de la nationale 114. En amont de Saleilles et en direction de la mer, à une époque lointaine,
le Réart passait à l’est de Théza et par Alénya puis se jetait directement à la mer, la lagune n'existant pas à cette période. Il a sûrement participé à la formation de l’étang de Canet Saint Nazaire lorsqu'il fut détourné vers le nord lors d'une crue plus forte de les autres. Il est a noté qu'à une période précise, toutes les embouchures des riviéres du département ont basculées vers le nord, comme le Réart. Jusqu'au moyen âge, le cours inférieur du Réart coulait dans une vaste plaine marécageuse encombrée d'étendues d'eau saumâtres en passant soit par le nord du village, soit par le sud vers Alénya au gré des crues. Beaucoup d'indices permettent de penser qu'à l'époque des Templiers un lit définitif fut creusé à ce torrent de la nationale 114 à l'étang.

En effet, le Réart passe souvent sur des crêtes de terrain, ce qui n'est pas naturel. Le lit du Réart a un calibrage régulier et de plus exécute quelques méandres contre nature. Les Templiers qui étaient de formidables ingénieurs, sont resté dans la région de 1132 à 1280 soit environ 150 ans. Ordre militaire et religieux fondé en 1119, se dinstinguèrent en Palestine. Ils acquirent d'importantes richesses et une notoriété qui causseront leur chute. La commanderie du Mas Déu est rassemblée entre la Têt et le Tech, dans un rayon de 20 km autour de Villemolaque. Leur patrimoine est essentiellement dans la plaine. De 1180 à 1190, ils achéteront à bas prix des étangs et des lagunes, qu'ils assécheront pour les cultiver : Bages, Ponteilla, Nyls, Mailloles, Sabadell, Bajoles. En 1208, Pons de Vernet qui pocéde des terres à Saleilles leur vend des terrains. Ils ont asséché la zone marécageuse des étangs de Saleilles à l'aide du Réart comme ils ont asséché les étangs de Montescot et Bages en creusant "l'agouille de la mar". Malgré cela lors de grosses crues, le Réart en crevant ses berges, reprend son ancien lit du nord. Au niveau du pont métallique de la route d'Alénya, lors de sondages pour implanter les piles d'un futur pont, il a été trouvé des cuvettes de limon jusqu'à 8 m d'épaisseur avant d'atteindre la couverture pliocène, typique du dépôt lagunaire. Pour information, ce sont les templiers qui ont détourné l'agly qui se jetait dans l'étang de salses, pour arroser la salanque.

Il n'y a pas si longtemps, au sud de Saleilles, le long de la route qui mène à Théza, des vestiges de ces étangs bordaient la rivière. L'estagnol de Saleilles localisé à l'est du chemin départemental n°22 et la petite dépression circulaire située plus au sud étaient les seuls bassins fermés de la plaine plio-quaternaire du Roussillon qui se trouvaient entre la ligne de rivage – 3000 ans et le rivage actuel. Tous deux pouvaient être considérés comme "cuvettes" alluviales de bordure du Réart dont le remblaiement avait commencé avec la mise en culture. En effet, le fond alluvial de l'estagnol avait été recouvert d'une mince couche de "tout venant" de rivière pour limiter les effets du salant et permettre les cultures céréalières et fourragères. Ce mode d'amélioration physique de l'horizon superficiel du sol s'est poursuivi pendant chaque jachère jusqu'au moment où, pensant que le salant était définitivement éliminé, les exploitants ont tenté d'établir un vignoble. Mais l'arrêt des apports de "tout venant" a été rapidement suivi de la réapparition des processus de salification dans l'horizon culturel artificiel créé par l'homme. Les pluies torrentielles d'octobre 1965, par leur intensité, ont entraîné la disparition du vignoble et ont permis le développement d'une végétation halophile.

Toutes les tentatives de plantation ont échoué car l'amélioration physique indispensable, trop onéreuse, n'a pas été reprise. Aussi les terrains ont été abandonné pour la culture et, vers 1972, une partie de la surface fut remblayée et urbanisée par les lotissements "d'el gaou" et du "parral". Quant à la petite dépression circulaire, située à l'est de l'éolienne, elle n'était pas salée, donc pas d'origine marine. La forte hydromorphie du fond alluvial limitait considérablement les possibilités agricoles de ces terrains. Après cet échec, le remblaiement et l'urbanisation, là aussi, furent entrepris et les lotissements du "gué" et de la "Couloumine de Canet" furent créés. Les deux bassins fermés de la commune de Saleilles ont donc disparu depuis 1975.

En dehors des périodes pluvieuses de printemps et d'automne, les eaux du Réart courent sous le sable qui constitue le lit du torrent au niveau de notre commune. Lors de fortes pluies sur les Aspres, surtout après le déboisement des forêts du XVIIIe siècle, l'eau glisse sur les schistes imperméables et dévale à toute allure vers la mer. En peu de temps le niveau du Réart peu monter très haut, telle cette anecdote qui nous a été racontée par l’un des ouvriers lors de la modernisation de la cave coopérative de Saleilles en 1938 : “Alors que nous prélevions du sable dans le Réart un jour de beau temps nous entendions un grondement sourd. Un ancien du village qui passait par là nous invita à quitter rapidement le lit asséché de la rivière avec notre camion. Quelques minutes plus tard, une vague d’eau de plus d’un mètre de hauteur a balayé le lit de la rivière : Il y avait un violent orage sur les Aspres !”. Depuis 2005, il est possible pour toute personne ayant internet de suivre la hauteur d'eau dans le réart, heure par heure, sur le site http://www.rdbrmc.com/hydroreel2/station.php?codestation=478

Les prélévements d'alluvions dans les riviéres sont très réglementés depuis les années 1990, et dépendent de la préfecture. Dans la zone de Saleilles, une société avait le monopole de l'extraction du sable. Mais à la suite du décés du directeur, le préfet n'a toujours par attribuer la concession à une autre entreprise et depuis plusieurs années, le sable s'accumule et le lit de la rivière se comble car le Réart charrie beaucoup d'alluvion. Il ne faudrait pas que cette situation dure trop car le volume d'eau que le Réart permet d'évacuer diminue d'année en année et les inondations arriveront de plus en plus rapidement. Des actions ponctuelles sont initiées comme cette année 2003 où le Syndicat du Réart confiera aux "sablières et carrières de la salanque" l'extraction de 128 000 m3 de matériaux dans le Réart entre l'embouchure et la RD11

C -
L’étang de Saint Nazaire

Voici pour terminer, un petit paragraphe sur l'étang de Saint Nazaire car c'est lui qui reçoit les eaux du Réart. Sa superficie est environ 600 ha. L'avancée du delta du Réart a été de 2,5 m par an en moyenne depuis 1866. Un mètre de dépôt dans l'étang correspond à 1200 ans de sédimentation, processus en voie d'accélération depuis l'installation de la route littorale. En effet, le grau de l'étang qui avait entre 100 et 150 m de large, a été réduit à 34 m par un pont, ce qui diminue l'évacuation des sédiments apportés par le Réart vers la mer. Le comblement de l'étang (diminution de l'étang ) est dû surtout aux matériaux issus de l'érosion des sols du bassin versant du Réart qui comprend deux zones :
1) Les Aspres constitués de sols peu profonds, caillouteux, sur des schistes ou du calcaire. Couvert d'un maquis favorisant les incendies, il y a peu d'entretien de la végétation.
2) La plaine : 80% de la surface est cultivé, dont 75% occupée par la vigne. Les sols peu structurés à matériaux grossiers sont des sols fragiles que la vigne ne protège pas de la violence des pluies.

Pendant les périodes de tramontane l’étang se vide et, dés qu’elle s’arrête de souffler, il se remplit. A cause de son étroitesse, le pont sur le grau engendre de forts courants. Un mois après son inauguration le pont fût emporté. L'étang de Saint Nazaire est en voie de comblement, à raison d'un hectare et demi par an, ce qui laissait 200 à 300 ans avant son comblement total ; mais les travaux entrepris depuis 1989 cité précédemment devraient en modifier l’évolution. Nous verrons dans l'avenir si le processus de remplissage a été stoppé ou au contraire, accéléré. La plus grande partie des apports en eau douce de l'étang arrive par le canal de "l'Agouille de la Mar" qui draine les terres du bassin de Bages et Montescot, seul ruisseau jamais à sec. Les autres, comme le Réart, apportent beaucoup d'eau mais que de janvier à avril (apport en eau à l'étang ). Avant le Xe siècle, l'étang de Canet Saint-Nazaire n’est que peu mentionné dans les documents car il était très largement ouvert sur la mer. Au moyen âge, il y a de très nombreux étangs à l'intérieur des terres : stagno Bajolas (de Bajoles), stagno Cabestagnium (de Cabestany), stagno Valrino (de Avalri), stagno Barriano (de Barria), tous mentionnés comme confronts dans les chartes. Vers 1750, l'étang avait une superficie de 1070 hectares, pour 600 environ actuellement. Tous les étangs de la région subissent le même sort : ils disparaissent (disparition des étangs ). L'étang d'Escara, séparé de l'étang de Saint Nazaire par un cordon de 50 m, existait en 1840. Aménagé en rizière en 1948, il est réduit à son minimum, et sert de plan d'eau pour le golf de Saint Cyprien. L'étang Aygual de Saint Cyprien est passé de 176 ha à 40 ha en 1868, a disparu aujourd'hui, comblé par les sédiments extraits lors de la création du port de Saint Cyprien. Il se trouvait au sud de l’étang d’Escara, entre le Golf de Saint Cyprien et les maisons du bord de plage.

Dès le début du siècle, sous prétexte que la surface de l'étang de Canet Saint Nazaire a diminué, des projets d'assèchement furent déposés, tel celui du 2 janvier 1925, ou une route au travers de l'étang fut même prévue (projet de route ), projet qui n’a pas été retenu, la route littorale lui ayant été préférée, avec un pont sur le grau. L'étang avait trois graus : les tempêtes d'est remplissaient l'étang et amenaient des alevins et la forte tramontane le vidait. le reste du temps un
cordon de sable séparait naturellement la mer de l'étang, l'homme intervenant de temps en temps avec des pelles à main pour ouvrir l'étang lorsque la nature avait du mal : l'étang se vidait et se remplissait plusieurs fois dans l'année. Cette route construite en 1955 est le début du déclin de l'étang, en ramenant de trois graus, même provisoire sur l'année, à un seul réduit pour éviter de faire un pont trop large. Il limite à 250 m3 là où il en passe jusqu'à 1200 m3 pendant les crues du Réart . La suppression de cet axe, la RD81A, qui draine pendant la période estivale 25 000 véhicule jour est actuellement à l'étude et serait remplacé par une grande voie qui apsserait par l'ouest de l'étang (projet de route ).

Propriété privée depuis le XIIIe siècle, l'étang appartenait à trois familles (Me Huston, M. Delazerme et la plus grande partie à M. Fontanel) qui n'assurent plus l'entretien. Une demande a été faite pour que l'étang passe sous la gestion d'un syndicat. Aujourd'hui ce plan d'eau est une réserve naturelle qui appartient depuis 1978 au Convervatoire du littoral et c'est depuis 2004 Perpignan-méditerranée, association de communes de la plaine du roussillon, qui en a la gestion. L'étang a permi de tout temps, grâce à sa faible profondeur, à de très nombreux oiseaux migrateurs de faire une étape sur la route de l'Afrique, ou de passer l'hiver dans notre région comme le font les flamants roses (déplacement des oiseaux ). Il a été dénombré de trés nombreuses espéces d'oiseaux dont 225 sont présentées empaillées depuis 1898 au laboratoire Arago de Banyuls sur mer. La pêche est pratiquée d'octobre à mai. En 1980 il a été prélevé dans l'étang, 40 tonnes d'anguille et 7 tonnes de muges, loups et daurades, ainsi que de grandes quantités de crevettes grises. L"Agouille de la mar" construit sous les Templiers a été rénové par M. de Bonnefoy. Il draine 6 000 ha et assèche tous les marais de Bages et Montescot. Il se jette dans l'étang ainsi que le Cagareil qui draine les eaux d'un ancien marais de 150 ha au sud de Canet village. Mis à part le Réart, ces canaux ne charrient pas de sédiments, même en période de forte crue.

Les cartes du Réart

Je vous présente dans ce chapitre quelques cartes du Réart :

1580 - carte de J. Hondius et G. Mercator : le Réart se jette dans le nord de l’étang et Saleilles est au sud du Réart : l'auteur a mélangé le Réart et la Canterrane avec l'embouchure de la Fosseille. Il est à noter aussi le peu de ponts sur les cours d’eau où les passages à gué sont largement utilisés. Elle montre aussi où était la frontière française au XVIe siècle. De même alors que la Têt va bien d'ouest en est, le Tech est orienté vers le nord est.

1660 - carte de Sanson d'Abbeville et L. Cordier : très étonnante cette carte ou la rivière du Réart prend sa source à Monastir et se jette dans le Tech à partir de l'étang de Villeneuve de la Raho : vrai ou faux ? une erreur sûrement des cartographes. Il existe deux autres cartes de J. Blaeu 1662 et A. Barbey 1690 qui ont la même représentation, sûrement une reprise de celle de 1660. Remarquons la forme de l'étang de Canet Saint Nazaire, identique sur les 3 cartes.

1706 - carte de N. de Fer et H. Van Loon : c'est la première carte où le Réart et Saleilles sont bien positionnés, malgré les nombreux méandres de la rivière au niveau de la commune. Les ruisseaux et le canal de Perpignan avec ses ramifications commencent à être signalés. La Têt et le Tech sont parallèles, ouest - est et le Réart a tous ses affluents. Les deux étangs de l'Esparou à Canet apparaissent.

1713 - carte des Monts Pyrénées dressée par Blottière puis par Roussel , ingénieur du roi, dont la représentation inversée nous sort de l'habitude qui veut que le nord soit vers le haut de la feuille. Le Réart n’a plus de courbe au niveau de Saleilles qui encore une fois n’est pas très bien situé par rapport à Théza, Saint Nazaire, Alénya et Villeneuve de la Raho. Il est intéressant d'observer les voies de communications : il y a trois passages à gué près de Saleilles. Les canaux sont portés et en particulier celui de Foncouverte dont les gens de Saleilles récupéreront les eaux. Le mas Alart se nomme "Mas del Gascon" et le mas de la fosseille est le "mas d'Audibert". A remarquer aussi, l'étang au nord de l'Esparou disparu

1726 - carte de M. Seutter : encore un graphisme bizarre des étangs de Villeneuve et de Saint Nazaire. Saleilles est bien au sud de la Fosseille. Le Réart comme les cartes précédentes passe par le lac de Villeneuve et se jette dans le Tech à Elne qui a son axe à nouveau vers le nord est. Les deux villes fortifiées Elne et Perpignan sont reliées par la voie royale qui longue le Réart qui prend sa source à Banyuls des aspres. Le cartographe a beaucoup exagéré le mouvement des plages qui a l’air, au vue de la carte, de côte rocheuse. Théza est dans la banlieue d’Elne et le château de Réart est à la place de Corneilla comme beaucoup d'autres villages qui n'ont pas leur bon emplacement.

1745 - carte de De Beaurin Incelin : Saleilles toujours au sud du Réart ; cela semble être une reprise de 1580, bien que les formes des étangs ne soient pas identiques. L'auteur a amalgamé le Réart et la Fosseille. Un pont apparaît sur le Tech après Elne et le bord de mer ressemble à une côte rocheuse.

1757 - carte de Georges Louis Le Rouge : représentation peu correcte, car certains villages comme Théza, ne sont encore pas à leur place et Saleilles est très loin de Villeneuve. La mer est au sud, une orientation originale, et le Réart est presque une ligne droite. Les étangs de Canet - Saint Nazaire et celui de l'Esparou ont une forme correcte. L'Agouille de la mar apparaît et le rivage marin n'est pas rectiligne.

1780 - carte de Cassini : elle fait partie de la première cartographie de la France à l'échelle 1/86 400 entreprise par César Cassini de Thury (1714-1784), terminée par son fils Jacques à la demande du roi de France. Nous pouvons voir que la route Perpignan Collioure vient d'être rectifiée : au niveau du Réart, elle quitte la voie royale et le passage à gué. Par contre elle traverse toujours le vieux village à Corneilla del Bercol. La courbe du Réart est très adoucie. Il se jette dans le bas de l'étang comme le fait le nouveau calibrage de 1995. Saint Cyprien plage s'appelle les Routes et l'étang de l'Aygual est bien dessiné. Nous constatons que les marécages existent sur toute la frange littorale dans la zone des étangs en retrait du lido. C'est la dernière carte avant le découpage en départements de la France.


Les Syndicats du Réart

Nous pouvons lire dans les journaux de l'époque : 23 septembre 1888 - "La passerelle sur le Réart qui relie Saleilles à Alénya a été enlevée. Les vignobles ont été inondés sur une assez grande étendue et la récolte est gravement compromise". Le 7 janvier 1889 - "Toute la vallée du Réart est sous l'eau. Le torrent a débordé depuis la route nationale d'Elne à Perpignan, jusqu'à l'étang de Saint Nazaire". A la suite de ces deux inondations, le conseil général décide la construction d'un pont sur le Réart, route d'Alénya, le 20 août 1896 pour un montant de 37 300 fr. et l'autorisation pour le démarrage des travaux est signée le 29 juillet 1897 par le préfet. Un pont métallique va prendre la place du passage à gué. Le tablier mesure 28,70 m de long pour 3 m de large et l'ouvrage pèse 80 tonnes, entièrement riveté. Les travaux vont durer jusqu'en fin 1898. L'inauguration officielle interviendra un an après sa mise en service, le 16 décembre 1899, comme le veut l'usage. Ce pont servira de lieu de défit à la jeunesse pendant de nombreuses décennies : il fallait le traverser à bicyclette en équilibre sur le haut des garde-corps.

A partir de la hauteur maximale prévue du Réart, appelé Côte NGF (niveau général de la France), les terres cultivées sont supérieures à 1,5 m de ce niveau. Pour un niveau d'eau supérieur de 1,8 m ce sont 700 ha qui s'inondent (avec une périodicité de dix années). Pour une hauteur de 2 m, mille hectares sont sous les eaux (avec une périodicité de 50 années). Les terres voisines au lit du Réart n'ont été, avant ce siècle, que de simples parcours pour les moutons. Le déboisement de la forêt des Aspres n'est pas la seule explication qui permet d'affirmer que les inondations des siècles passés étaient moins graves que celles d'aujourd'hui. C'est surtout parce qu'il est allé s'installer sur des terres inondables que l'homme subit les crues. Les crues sont liées aux précipitations en amont de Saleilles sur les terrains schisteux, plus ou moins fortement suivant les années. Cela occasionne régulièrement des brèches dans les berges de la rivière et oblige les propriétaires des terres avoisinantes à se regrouper pour entretenir les talus. Au XVIIIe siècle, il y a peu d'habitants à Saleilles, et à la place de former un syndicat, ceux-ci préfèrent être regroupés avec Saint Nazaire. En 1806, après une crue, des réparations sont à effectuer de la Briqueterie de Bertrand sur le territoire de Saleilles, jusqu'à l'étang ; les saleillencs refusent de participer aux réparations qui se trouvent en presque totalité sur le territoire de Saint Nazaire. L'association avec Saint Nazaire ne fonctionne que moyennement. En 1825, les saleillencs ne veulent pas payer les dégats causés par le Réart car, disent ils, les gens de Saint Nazaire ne déblayent pas le sable et le niveau du lit de la rivière est plus haut qu'à Saleilles. Il y a aussi de très nombreuses contestations sur les alignements des parcelles le long du Réart, plan établi par les ponts et chaussées en 1780.

A toutes les crues du Réart, les propriétaires riverains surveillent avec attention et angoisse l'endroit où va se produire l'inévitable brèche dans le talus protecteur. Lorsqu'elle s'est produite, les riverains non touchés par l'inondation, sont soulagés. En l'an IX de la révolution française (1802), deux projets pour résoudre les débordements du Réart sont étudiés par l'administration avec la participation de Joseph Bertran et Barthélémi Maux pour Saleilles : soit creuser le lit du torrent plus profondément, soit retracer son cours en ligne droite. En 1830 une pétition des riverains qui s'oppose à l'élargissement du Réart à plus de 20 m. Le 26 septembre 1837, l’article 2 de l’ordonnance royale prescrit la formation de deux syndicats (inférieur et supérieur) des riverains du Réart dont la limite entre les deux est la route royale de Perpignan à Port Vendres (route nationale 114). Sept membres sont nommés par le Préfet pour 7 ans. Le syndicat est chargé des travaux de redressement et d'entretien des francs bords. Le 22 juillet 1839, le découpage passe à 3 syndicats : de la source jusqu'au chemin de Passa à Trouillas, puis jusqu'à la voie royale et ensuite jusqu'à l'étang. Ont fait partie du Syndicat du Réart : 18371878 à 1907 Badie Baptiste, Batlle Louis, Desbœufs Charles, Badie jean et Garcia Guillaume. Ses représentants sont nommés à vie par le Préfet qui désigne les riverains qui ont le plus de terres. L'ordonnance est encore en vigueur en 1996 et la taxe est toujours prélevée auprès des agriculteurs et des habitants de la commune qui sont dans la zone arrosable par le Réart.

Le débit d'une crue dite normale est de 200 à 250 m3/s environ. Les deux crues de 1968, à une semaine d'intervalle, ont fourni 24 millions de m3 d'eau à l'étang. Le Réart a atteint un débit de 520 m3/s lors de la crue du 22 septembre 1971. La prédominance de la vigne cultivée seule et désherbée ne freine plus le ruissellement, surtout sur les sols schisteux. A chaque forte pluie, l'eau lave le lit de la rivière, et les matériaux qui le composent, se déplacent à raison de dix kilomètres par an. Le manque de gros travaux font que les berges sont fragilisées et les bréches sont de plus en plus fréquentes. En 1972, voyant que le syndicat des riverains, au statut archaïque datant de Louis Philippe, ne traite que l'entretient du Réart faute de buget, 7 communes se sont regroupées pour créer le syndicat intercommunal d'étude pour l'aménagement du Réart inférieur : Perpignan, Villeneuve de la Raho, Théza, Saleilles, Alénya, Canet-saint-nazaire et Saint Cyprien. En 1982, les études d'aménagement terminées, toutes les communes sauf Villeneuve de la Raho, ont transformé le syndicat d'étude en "syndicat intercommunal de travaux pour l'aménagement du Réart inférieur". C'est actuellement notre maire, jean michel Erre, qui en est le président. Le syndicat des riverains sera dissous et toutes les compétences seront données au nouveau syndicat qui va lancer enfin des travaux de prévention. Ce n'est que deux siècles plus tard, après de nombreux autres projets, que le tracé du Réart dans sa partie aval par rapport à Saleilles va être amélioré afin d'éviter d'une part les nombreux débordements, d'autre part essayer d'éviter à l'étang de se combler.
Les travaux sont faits par étapes à l'initiative du syndicat du Réart :
1988 à 1989, pose par la mairie de canet de vannes entre la mer et l'étang et renforcement des digues, côté mer. mais il y aura de nombreux accrochage entre les pêchers de l'étang pour garder le poisson et l'administration qui voudrait vider les sédiments en mer pour éviter le comblement. La convention signée le 20 février 1990 entre le syndicat et les mairies de canet et saint cyprien stipule que le président du Réart se réserve le droit de faire ouvrir les vannes d'autorité en cas de crue.
1990 à 1992, creusement du nouveau lit du Réart et le calibrage jusqu'au pont du chemin départemental n°11 allant de Saint Nazaire à Alénya.
1992 à 1994 : La crue du 27 septembre 1992 remet la suite du projet en question. Dans un premier temps, on pallie à la consolidation des brèches de la mer à la nationale 114.
1994 à 1997 : le projet est modifié à la suite de la crue. Pour aller plus vite l'enrochement des berges n'est conservé que dans les passages délicats. Le lit du Réart, un peu plus large, sera bordé de deux levées de terre. Le calibrage est exécuté d'Alénya au pont de Saleilles en construction.
1997 les travaux sont arrêtés au niveau de la route d'Alénya à Saleilles pour permettent une étude plus générale lancée par la préfecture sur tout le bassin versant du Réart.
2001, reprise des travaux jusqu'au passage à gué de la route de Théza. A cet endroit, le lit du Réart qui présente un courbe, a été modifié pour absorber le double du débit
La 10ième tranche doit reprendre le lit du réeart du passage à gué de la route de Théza vers la RN114

En 2006, avec un recul de 15 ans de gestion de l'étang depuis le début des travaux, le grau de l'étang n'a jamais été ouvert par tramontane dont les vannes sont pratiquement hors d'usages, le chenal n'a jamais été curé et les travaux sur le réart par l'élargissement de son lit a triplé les apports de limons. Tout ceci a pour conséquence de piéger les limons dans l'étang dont le fond est sur sa plus grande surface plus haut que le niveau de la mer. Alors que les travaux devaient initialement éviter son comblement, il semblerait l'accélèrer. L'étang est pratiquement comblé, on peut le traverser à pied.
A qui la faute ?
à la mairie de canet qui a construit en 1974 un épi en mer sans autorisation en prévision d'un aménagement de l'étang comme port de plaisance... et qui a placée là aussi sans autorisation et sans études scientifiques les vannes
au syndicat du réart qui n'a pas voulu prendre son autorité et qui par le calibrage du réart sans régler le probléme du grau apporte encore plus de limons à l'étang,
aux pécheurs qui ont refusé l'ouverture des vannes, désireux de conserver leur poissons. Avec cette vision à cours terme, en fermant les échanges avec la mer ils se sont eux même privé de ressources,
à l'administration qui aprés avoir fait plusieurs centaines d'études n'a pas su choisir la bonne,
aux 21 communes du tour de l'étang qui pendant des années ont rejetées leurs eaux usées et les pollutions agricoles, tuant les populations d'alevins et de larves de crustacés,
en attendant, si rien n'est fait, nous allons perdre une partie de notre environnement avec toute la faune et la flore qu'il contient alors que des solutions existent : suppression de la route littorale, réouverture des graus, dragage de certaines parties de l'étang, plantations pour éviter l'érosion par les rivières etc...



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