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Saleilles est en espagne

A partir de l'an 865, Charles le chauve, petit-fils de Charlemagne divisa la Marche d'Espagne (le Roussillon) et la sépara de la Septimanie (région de Narbonne jusqu’au Rhône), détruisant une unité politique vieille de mille ans et ceci afin de se protéger des incursions sarrasines. Wifred d'Arria (Ria) qui repoussa les envahisseurs après Barcelone, devient en 874, comte de Barcelone et marquis du Roussillon. C'est le début de la dynastie barcelonaise qui place Saleilles sous sa domination. Notre sort était donc lié à la ville de Barcelone, dont voici en quelques lignes, les principaux événements : en 985, les Arabes détruisent Barcelone et massacrent des familles entières. Les barcelonais, qui depuis Charlemagne font partie du royaume des Francs, demandent de l'aide au roi de France, qui ne donne pas suite. Après deux années d'attente d'une aide française qui ne viendra jamais, l'année 987 fut l'année de l'indépendance vis à vis de la France. Les Saleillencs, entraînés par l'habitude, continueront jusqu'en 1180 à dater les documents d'après les années capétiennes. A partir de 990, la province se développe et s'enrichit et Perpignan n'est qu'un petit village. En 1010 l'armée catalane reprend le dessus et chasse les Arabes. A partir de 1131, la première dynastie Aragonaise va gouverner pendant près de un siècle et demi. Dans les années qui suivirent, les forgerons s'installent dans les villages et utilisent le minerai de fer du Canigou, d'excellente qualité. La gloire des maçons catalans se place dans les reconstructions des églises (1024 : reconstruction de la chapelle de Saleilles, comme nous le verrons plus loin). C'est l'éclosion de l'art roman. La Catalogne dispose d'une loi écrite, ce qui est un fait unique à cette époque (150 ans avant les autres), et elle est enseignée dans les écoles dont Elne fait partie. Depuis quelques siècles, Elne prend le pas sur Ruscino dont le déclin est de plus en plus évident.

La catalogne a un nom et un drapeau dont voici résumé la légende : Wifred d'Arria qui a chassé les arabes, est fait comte de Barcelone par le roi de France Louis le Pieux. Salomon, autre comte du Roussillon à la Cour du roi à Paris, jalouse ce titre. Wifred a un fils qui prend le nom de Wifred le Velu ou Poilu. Quelques années plus tard, Salomon par une ruse oblige Wifred à venir à Paris et l'assassine au cours du trajet vers Narbonne. Salomon obtient de Charles le Chauve, nouveau roi de France, le titre tant convoité. Wifred le Velu a grandi et veut épouser la fille du comte de Flandres. Pour cela il doit retrouver son titre. Poussé en plus par son désir de vengeance, il cherche Salomon, le trouve en Cerdagne et le défie en duel. Le combat est acharné et le Comte Salomon tombe d'un coup d'épée. Mais Wifred sort blessé du combat, son sang coule... Il saisit alors son bouclier doré, plonge ses doigts dans sa plaie et y trace quatre lignes rouges de son sang, les quatre traits du W de son nom. L'emblème de la Catalogne était né, né du juste droit terrassant la traîtrise.

Quant à l'origine du mot catalan, de nombreuses hypothèses sont avancées dont voici les principales et chacun choisira celle qui lui plaît !
- vient du pays des Goths appelé gothalonia transformé en catalonia et catalogne.
- le pays était dominé par les chevaliers, les Castlangs. Les Castlangs se sont modifiés en catalans.
- Otger Català : personnage légendaire qui aurait participé à la reconquête du pays contre les arabes. Son nom serait à l'origine de "Catalogne".
- vient de l'époque des Ibéres ou les Lacetans étaient installés dans le Lekatan.
- date des combats entre romains et barbares en 451 aux champs catalauniques.
- dérivé de la localité arabe Talunya qui a pris le préfixe ca (cala racine arabe de casteil, château) et a donné caTalunya.

Détachée de Narbonne en 568, l'évêché d'Elne devient diocèse (1ère mention en 833) et se compose de trois archidiaconés : celui d'Elne (ou grand archidiaconé), du Vallespir et du Conflent auquel s'ajoute le Grand Sacristain, quatrième dignitaire du Chapitre. Le Chapitre d'Elne comprenait cinq prévôts qui étaient les curés d'Elne, de Bages, de Baixas, de Trouillas et de Saleilles. Il est à remarquer que sur la liste des grands archidiaconés d'Elne nous trouvons Guillaume Massia de Saleilles 1708-1750 et dans la liste des grands archidiaconés du Conflent : Arnaud de Serralongue, évêque d'Elne de 1223 à 1224, archidiaconé de Conflent de 1224 à 1263 et prévôt de Saleilles de 1263 à 1293. Il est à noter l'importance de Saleilles au XIIe siècle qui avait un des cinq prévôts (officiers de gendarmerie). La fonction épiscopale des évêques d'Elne n'exclue pas, bien au contraire, le rôle important que jouent ces dignitaires dans le domaine économique, grâce à l'étendue de leur patrimoine foncier et l'organisation de ses différents modes d'exploitation, producteurs privilégiés de cultures diversifiées.

Ruscino, ville qui a été incendiée et détruite par les Normands, ne sera pas reconstruite. Les gens, après "le grand désastre", vont s'installer à Perpignan. C'est le début du développement de cette ville. Les remparts et les châteaux construit pour se protéger des envahisseurs donnèrent des idées de puissance aux seigneurs de la région qui se firent la guerre entre eux, comme nous le verrons plus loin. Puis nous passerons sous la dépendance du royaume d'Aragon, en devenant le comté du Roussillon sous l'autorité de Jacques 1er qui fait de la langue catalane la langue officielle pour tous les actes et les écrits. Il est tolérant mais juste et dur. En 1272, Jacques 1er divise ses possessions en deux. Il donne la Catalogne du sud, l’Aragon et Valence à Pierre II et Majorque, Montpellier, le Roussillon et la Cerdagne à Jacques II. En 1276 Perpignan devient capitale du royaume de Majorque, c'est la période Majorquine. Le choix de Perpignan comme résidence royale exerce une influence heureuse sur la population qui s'accroît, et sur le développement de la ville qui s'industrialise. Sa population augmente au détriment des villages voisins. C'est sûrement le début du déclin de Saleilles qui va voir ses habitants migrer vers la ville, surtout les plus riches, ou du moins va voir l'expansion de notre commune arrêtée. La route de Château Roussillon à Elne devient secondaire et Saleilles voit de moins en moins de gens traverser le village.

La région est riche et les gens de Saleilles jouissent d'une liberté toute relative mais surtout ont une bonne justice. Le roi de France venu avec 150 000 hommes pour combattre Pierre II à Barcelone ne peut passer les Pyrénées et revient sur Perpignan. L'armée de Philippe le Hardi prend Elne et Saleilles en mai 1285 et se venge en faisant un massacre. Le roi de France meurt du typhus en arrivant à Perpignan car l'épidémie ravagait ses troupes. cela mit un terme au combat. Durant toute son existence, le royaume de Majorque, objet des vues ambitieuses des rois d'Aragon, eut à lutter contre eux. En 1344, il succomba sous leurs coups et Saleilles fut annexé au royaume d'Aragon par Pierre III, le 16 juillet. Ainsi débute la seconde domination Aragonaise avec à sa tête une dynastie catalane puis castillane. Les habitants de notre région gardèrent longtemps la nostalgie de Perpignan capitale. Les rois de Majorque avaient vécu au milieu d'eux et leur royauté avait été débonnaire. Jacques II avait été surnommé le bon roi Jacques.

pourquoi le nom de Salelles

Mais pourquoi le nom de Salelles ? Je vais vous présenter la synthèse de mes recherches que j'ai effectué d’une part auprès de spécialistes en la matière et d’autre part, dans de nombreux ouvrages.

Les principales ressources de notre territoire étaient l'agriculture, céréales principalement, et l'élevage du mouton. Sans moyen de transport car de condition modeste, une majorité de paysans et bergers vivaient sur les propriétés mêmes, dans de petites maisons faites de bois, de roseaux et de galets dans la plupart des cas. Elles ressemblaient à ce que l'on appelle actuellement des "casots", avec une pièce unique. Il est à noter que jusqu'à la Révolution aucun propriétaire, à notre connaissance, n'a habité nos terres. Ils étaient pour la plupart domiciliés à Perpignan, Elne ou Ruscino au tout début. Donc depuis la chute romaine au Ve siècle, les gens qui vivaient sur nos terres se devaient de posséder dans leurs lieux une pièce à mettre à la disposition de leur seigneur, les jours où celui-ci venait comptabiliser ses biens, et rendre la justice. Cette obligation était pratique courante au moyen âge dans les villages de France quand le propriétaire ne résidait pas sur place.
Ces pièces s'appelaient des Sales. Le dictionnaire étymologique de l'ancien français nous donne la définition suivante pour Sale : du francique Sal venant du germanique Saal (nom apporté par les Goths au Ve siècle) mot masculin devenu féminin : pièce de réception dans la maison rurale mise à la disposition du seigneur pour recevoir ses hôtes, rendre la justice, y manger et parfois y dormir. A cette époque, le latin primait mais on le déformait beaucoup avec des mots germaniques, de la même façon que de nos jours l'anglais nous envahit et entre dans notre vocabulaire.

Les paysans et bergers de Saleilles, n'ayant que de modestes cabanes, construisent sous la pression des propriétaires terriens, participant eux-mêmes au financement, une "sale" unique qui serait à la disposition de tous et permettrait de les recevoir d'une manière plus décente. Il est probable que les terres de Saleilles étaient détenues par très peu de propriétaires, et en particulier l'évêché d'Elne. Ces seigneurs, soit résidant non loin de là, soit demandant l'hospitalité à un seigneur voisin, ne passaient que très peu d'heures sur leurs terres. Une "sale" fut donc construite en commun, petite, à pièce unique, près des habitations existantes. Elle prit très rapidement le diminutif "ellas" qui signifiait petite et notre sale devint "salellas". Cette salellas fut vite au centre des conversations. Ils allaient à la salellas : le nom salellas resta au lieu.

Le nom de Salelles est donc né entre le Ve et VIIe siècle, effaçant peu à peu l’ancien nom. Ces habitants sont les saleillencs, nom le plus usité. Des auteurs, tel Auguste Vincent, donnent la même hypothèse pour le nom de notre village, de même que Dauzat et Rostaing, ainsi que bien d'autres historiens. Près de nous, nous trouvons les mêmes origines dans l'Aude avec Salellas, en Lozère avec Salellas et Salellis, de l'autre côté de la frontière espagnole avec Salelles de l'Emporda et Salelles près de Manresa. Il en existe bien d'autres et bien que tous n'ont pas la même étymologie, ils ont en commun la même orthographe (les différents saleilles ).

Nous préciserons quelques points pour ceux qui prétendent que Salellas vient du mot sel. De nombreux auteurs, en effet, l'écrivent mais en définitive très peu l'affirment. Cette interprétation est un peu facile car aucun document, à notre connaissance, ne le prouve ou ne propose une explication valable.
- tout d'abord Sal dans la langue romaine n'est pas donné sous la forme Salellas,
- il n'y a jamais eu de marais salant à Saleilles, ni d'étang ou terre assez salés pour en donner le nom. Seuls les gens très pauvres allaient racler les bords des quelques petits étangs jouxtant Saleilles pour avoir quelques kilos de sel par an.
- le "chemin de la Sal" est le chemin qu'empruntaient les muletiers pour, des marais salants de Saint Nazaire et Canet, porter le sel nécessaire aux troupeaux des montagnes à la fin du XIXe. C'était la route la plus courte des Salins jusqu'aux pâturages du Vallespir, et elle ne faisait que traverser le village. Tout le long de cet itinéraire, depuis cette époque, nous trouvons des noms dérivés du sel : chemin de la sal, pont de la sal, montagne de la saline...

En Roussillon, la récolte de sel a toujours été d'une extrême facilité, grâce au chapelet d'étangs qui longent la Méditerranée. Ces étangs étaient bordés de dépôts de sel durant les étés, du fait de l'évaporation très importante à cause de la tramontane. Le sel est essentiel pour les troupeaux, nombreux à l'époque, et surtout pour les salaisons, seul moyen de conservation du grande partie des aliments : viandes, poissons olives etc... . Il y avait une forte consommation et au XIIIe siècle, la récolte et le transport du sel faisaient l'objet d'un contrôle : une ordonnance de Jacques 1er de Majorque institue des gardes pour les salins de Canet. Mais bien que contrôlée, l'extraction était libre pour la consommation personnelle des habitants du pays, seuls les étrangers payaient un droit. Les Saleillencs allaient aux salins de Saint Nazaire et de Canet s'approvisionner. Des caravanes de mulets chargés de sacs traversaient le village, en empruntant le chemin de la sal, et partaient droit sur le Vallespir y porter le précieux produit.

Au traité des Pyrénées en 1659, Colbert étend au Roussillon, le régime de la Gabelle qui va multiplier par six le prix du sel. Les paysans devaient aller aux greniers du roi pour se procurer le sel des salaisons. Ceci va déclencher la révolte des Miquelets et Angelets. Jusqu'au XXe siècle la contrebande sévira de façon permanente et intensive. Le sel d'Espagne est d'un prix nettement inférieur. Le gros du trafic se fait par la mer. C'est pour cela que toutes les maisons au bord de l'eau, (comme à Collioure) avaient l’obligation d’avoir des grilles aux fenêtres.

Enfin, tout au long du XIXe, par temps de sécheresse, les Saleillencs vont sur les rives des étangs de Canet et Saint Nazaire, récupérer le sel. Les étangs de Saleilles n'en procuraient que très peu, juste pour quelques riverains qui allaient racler en cachette les bords des étangs situés entre l'église et la route de Théza. Ils allaient, hommes, femmes et enfants, sur les étangs à demi asséchés de Saint Nazaire, avec des sacs, des charrettes et des mulets, charger le maximum de sel. Les autorités demeuraient impuissantes. C'est ainsi qu'en juillet 1817, et notamment le 26, il y avait toutes les nuits plus de 300 personnes accourues des quatre coins du département sur l'étang que la sécheresse avait presque vidé. La douane débordée doit faire appel à l'armée que les habitants de Saint Nazaire refusèrent d'héberger : 54 arrestations. On voulut inonder l'étang en ouvrant le grau, mais une tempête détruisit les travaux. On pensa même à détourner le Tech, mais il y avait opposition des maires des communes concernées, la plupart d'entre eux allaient eux même chercher du sel ; le fils d'un notable fut même arrêté. Il fallut attendre les pluies pour que tout rentre dans l'ordre. Tout recommença en 1822. A chaque fois ce fut de lourdes pertes financières pour l'état. La nuit du 18 au 19 août de la même année, 400 paysans armés de gourdins tiennent tête aux gardes départementaux qui doivent user de leurs baïonnettes. 254 sacs de sel sont restés sur le terrain. Le Maire déclare que si l'on ne noie pas l'étang, il y aura du sel jusqu'en octobre et les fraudeurs commencent à s'armer.





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