Là, commence la campagne de Salonique




agenda sur 1917 de Jean Roig
58ième d'infanterie, 2ième compagnie

Salonique



janvier 1917

Le 1er janvier : je suis en permission et je suis allé à Elne.
Le 2 janvier, je suis de retour à Toulouse à 5 heures du soir et au cantonnement de Balmas à 8 heures.
Le 3 janvier, on a repos, mais il fait mauvais temps, le même temps que sur le front.
Le 4 janvier, on a aussi repos. Le soir, je vais me promener à Toulouse avec deux de mes copains : journée de plaisir.
Le 5 janvier, on me vaccine, une piqûre pour la variole et une autre pour le choléra.
Le 6 janvier, on a une revue par le chef de section, mais comme on est piqué, on ne va pas à l'exercice.
Le dimanche 7 janvier, on a une revue de tenue de campagne par le lieutenant. On a repos tout le reste de la journée.
Le 8 janvier, autre revue de tenue de campagne par le capitaine, repos le reste de la journée mais le temps est à la pluie.
Le matin du 9 janvier, on a repos, mais le soir on a une revue en tenue de campagne par le commandant.
Le 10 janvier, on a encore repos, avec distribution d'effets.
Le 11 janvier, revue par notre chef de section pour vérifier tout ce que l'on a besoin, puis on va monter les tentes dans un champ.
Le 12 janvier, vaccination pour la deuxième fois contre le choléra.
Le 13 janvier, au matin, on a repos. Mais le soir, il y a une marche du bataillon en tenue de campagne complète. Pendant la marche, on trouve le sac lourd.
Le 14 janvier au matin, il pleut depuis que je suis à Toulouse, il n'a pas passé un jour sans pleuvoir, il neige. Le soir, comme c'est dimanche, je vais à me promener à Toulouse.
Le 15 janvier à 2 heures du soir, revue par le colonel en tenue de départ. Finie la revue, on va faire une petite marche, puis je descends à Toulouse.
Le 16 janvier, on a une revue par le capitaine. Le soir, on monte le sac pour aller s'embarquer à Toulouse. On quitte le cantonnement à 8 heures du soir pour aller se rassembler avec le reste du bataillon à Balmas. À 8 heures 30, on quitte Balmas pour se rendre à la gare de marchandise de Toulouse. À 11 heures 30, on monte sur le train et à minuit 33, le train se met en marche.
Le 17 janvier, à 7 heures du matin, on passe Narbonne puis à Béziers, Cette, Montpellier, Nîmes, Tarascon, Arles, Marseille. On arrive à Toulon à minuit. On nous met sur une voie de garage pour attendre le jour pour débarquer.
C'est le 18 janvier à 5 heures 30 du matin, on débarque au Pont Neuf, puis on se met en route en passant à travers les fortifications de Toulon. Pour embarquer, le navire était prêt à 11 heures. On monte sur le navire qui s'appelle "Impératrice Catherine II", navire russe. Chacun a sa place pour se coucher. À 1 heure, on mange la soupe, puis je monte sur le pont du navire pour examiner la rade du port. L'après-midi s'embarque le 2iéme bataillon avec un détachement du 4éme colonial. À 5 heures et demie, le navire commence à prendre le large. "Adieu la terre française". La mer est calme, à 8 heures du soir on est en pleine mer, le tangage commence. Après avoir mangé la soupe je me couche, pour ne pas être malade. À 11 heures du soir, je suis de garde avec un de mes camarades pour garder des prisonniers de 4iéme colonial qui avaient manqué le départ. On les garde, revolver au poing.
Le 19 janvier, au réveil, après avoir mangé un morceau de pain et bu le café, je monte sur le pont du navire pour prendre un peu l'air car, dans les cales, il fait trop chaud. La mer est calme. On aperçoit au loin l'île d'Elbe, et les côtes de Corse que l'on suit presque toute la journée, ses montagnes sont couvertes de neige, on a un peu de tangage, puis on apercoit les côtes d'Italie. Le navire est escorté par un contre-torpilleur français "Le Paris" qui passe devant nous pour examiner s'il n'y a aucun sous-marin ennemi. Dans l'horizon, sur notre gauche, on passe devant de nombreuses iles, mais on ne connaît pas leurs noms. Le soir il pleut, la mer est calme. À la nuit on n'aperçoit aucune terre à l'horizon. Puis notre navire fait des signaux au contre-torpilleur qui nous escorte.
Le 20 janvier au matin la mer est un peu plus agitée, sur le pont du navire il y a un peu plus de tangage, beaucoup de poilus dégueulent, mais moi, comme je ne suis pas trop fioce(en forme), je reste couché. On nous donne des comprimés de quinine pour les fièvres. Les vagues montent jusqu'au pont du navire. Sur notre droite, on aperçoit les côtes de Tunisie et le port de Bizerte. Mais, sur notre gauche, on ne voit à l'horizon que de l'eau et le ciel. Le soir, on aperçoit quelques petites iles. De nombreux poissons suivent le navire, malheur à celui qui tomberait à la mer. Après avoir mangé la soupe du soir, je monte sur le pont car dans le troisième pont où je suis logé, il fait tellement chaud qu'on nous oblige d'aller prendre l'air pur. Il fait déjà nuit, on s'installe sur la passerelle, sur des bancs qui sont là, l'air est un peu frais, mais qu'importe, à 8 heures je rentre pour me coucher. Dans le lointain, on aperçoit une escadrille qui part en patrouille pour garantir les navires qui passent contre les sous marins ennemis.



Le 21 janvier au réveil, après avoir bu le jus, je monte sur le pont pour respirer l'air pur. La mer est calme. Sur notre gauche, on aperçoit la côte du port de l'île de Malte. Le contre-torpilleur, en ce moment, s'éloigne de nous et il disparaît au large. Nous voilà en pleine mer, pas d'escorte et l'on passe le mauvais passage. Voilà le travail de l'armée française : en temps de paix pour escorter M. Poincaré, il lui fallait toute une escadre, maintenant pour 3000 hommes, il n'y a rien du tout ; mais ils se disent en eux-mêmes, plutôt ils seront crevés, mieux ca ira. Puis ils mettront sur les journaux que les boches sont des pirates. Moi je pense que c'est au contraire. À 3 heures, la musique joue sur le pont et du restant de la journée, on n'a pas aperçut un bout de terre.
Le 22 janvier au matin, il y a beaucoup de tangage, je suis fatigué et je reste couché car la tête me tourne à cause de la mer qui est un peu plus agitée que d'habitude. Le soir, je me sens un peu mieux, je monte sur le pont pour prendre un peu l'air pur, mais je suis obligé de descendre tout de suite me coucher. On se trouve au mauvais passage dans l'océan Adriatique sans avoir eu d'escorte de la journée. Les côtes de Tripoli sont mauvaises pour les sous marins ennemis.
Le 23 janvier, au matin je suis un peu mieux, mais la mer est agitée par le vent qui renvoie les vagues jusque sur le pont. Sur la droite, on aperçoit des côtes qui sont de Crête, puis on passe au milieu de petites iles, escorté par trois contre-torpilleurs. Le soir, on est tout seul, on est au plus mauvais passage. À la nuit, ils font éteindre toutes les lumières car sûrement il doit y avoir un sous-marin de signalé.
Le 24 janvier, au matin, on a pour escorte deux contre-torpilleurs. La mer est assez calme, mais on n'aperçoit plus aucune côte. Plus tard, on aperçoit les côtes de Grèce. À midi, on entre dans l'archipel de Salonique. Le soir, on aperçoit les lumières du port, mais comme il est trop tard, on est obligé de rester au large de la rade pour attendre le jour. Tout le monde est content d'être arrivé, mais encore on n'est pas en sûreté. La ville est illuminée.
Le 25 janvier, au matin, on montre le sac à 9 heures. On passe sur le pont du navire pour aller sur un chaland qui nous transporte sur le quai du port car notre navire ne peut y aller. À 10 heures, on met pieds à terre, le sourire vient aux lèvres de chacun. On se rassemble en dehors du port ou l'on trouve quelque chose à acheter pour manger. À midi, on part vers le camp, traversant la ville par le quartier juif, puis on passe devant les camps des Anglais, des Italiens et Serbes. À 2 heures, on arrive au camp de Jeïtenlik où l'on monte les toiles de tentes sur une petite colline. Après avoir monté les tentes, on touche des paillassons pour se coucher car le sol est mouillé. Je descends à Salonique pour acheter quelque chose à manger car on n'a rien touché de toute la journée, pas même du pain.
Le 26 janvier au matin, il pleut, les toiles laissent passer l'eau. Le beau temps commence et on a repos toute la journée.
Le 27 janvier, le temps est à la pluie, on a une revue. Le soir, on va faire un peu d'exercices, puis je descends à Salonique.
Le 28 janvier, il fait un peu beau temps. Comme c'est dimanche, le matin on a repos, mais le soir pour nous emmerder on nous rassemble pour faire des jeux.
Le 29 janvier au matin, on va faire de l'exercice, il pleut. À midi, rassemblement pour le rapport, le commandant nous passe la revue. Le soir, repos
Le 30 janvier au matin, on va au travail pour tracer des nouveaux camps. Le soir on fait des jeux.
Le 31 janvier, le matin, on a de l'exercice et le temps est toujours à la pluie. Il fait un sale temps pour un pays chaud. Le soir, on va au travail.

février 1917

Le 1er février au matin, on va au travail, le mauvais temps continu. Le soir, on est au travail et le soleil se fait voir un peu.
Le 2 février, il pleut le matin, moi j'ai repos. Le froid est vif. Le soir il y a une marche de bataillon, mais comme il pleut, elle est renvoyée.
Le 3 février au matin, exercice, le soir marche de bataillon. Le temps semble se mettre au beau, mais la nuit, le mauvais temps recommence.
Le 4 février, on a repos, le matin il y a messe. Le soir je descends me promener à Salonique.
Le 5 février, il y a du brouillard le matin, mais il semble qu'il va faire beau. Le soir on fait une marche de bataillon, le temps est beau, il fait chaud car le soleil donne de ses pleins rayons. C'est le premier jour de beau depuis que je suis arrivé.
Le 6 février, la section à repos le matin pour se faire tailler les cheveux. Déjà les bruits courent que l'on va partir du camp. Le soir, je descends à Salonique pour la dernière fois.
Le 7 février, réveil à 5 heures 30. Après avoir bu le café, on monte le sac. La compagnie se rassemble à 7 heures. À 7 heures 15 nous quittons le camp de Zeïtenlik avec la musique en tête, passant dans les faubourgs de Salonique pour aller prendre la route de Monastir. La marche est pénible à cause de la mauvaise route. On passe la rivière de Galiko sur un pont en planche construit par le génie. À midi 30, on arrive au camp de Samli et après avoir mangé la soupe, on monte notre petite maison, mais le ciel est nuageux.
Le 8 février au matin il fait un vent formidable, on monte les sacs. À 8 heures, on quitte le camp de Samli. Pendant la marche, il ne fait pas chaud à cause du vent froid. À midi 30 on arrive au camp de Topcin, on monte les tentes avec le vent qui s'est calmé un peu ce soir. Vers 5 heures, il tombe de la neige, je ne sais pas si ca durera toute la nuit.
Le 9 février : il a neigé une partie de la nuit dernière et ce matin, au levé du jour, il fait un froid de canard. Je suis commandé de corvée pour aller faire des feuillées. Il ne fait pas chaud et l'on est obligé de mettre des gants pour travailler. Il a neigé toute l'après midi et le sol commence à blanchir.
Le 10 février, le sol est recouvert d'une couche de neige de 5 centimètres, mais cela ne nous empêche pas de faire des jeux. Le soir, on va aux douches à la gare de Topcin. Le soleil a fait son apparition, des avions boches viennent sur Salonique, profitant du beau temps.
Le 11 février, comme s'est dimanche, on a repos toute la journée. Le soir, le régiment organise une fête sportive pour faire voir aux civils que les armées d'orients ont un bon moral. Pendant toute la journée, il a fait un soleil magnifique.
Le 12 février au matin, on va faire un peu d'exercices. Le soir, on va faire une manœuvre de bataillon en tenue de campagne, à travers cette vaste plaine du Vardar déserte et sauvage. Le beau temps commence à se dégrader.
Le 13 février, on va faire un peu d'exercices et des jeux. À 10 heures, il pleut pour changer et le soir on va refaire des jeux. Mais ce soir, le vent du nord glacial souffle, le froid est vif.
Le 14 février au matin, on va faire un peu d'exercices avec des jeux. Mais le soir, le capitaine vient et nous fait faire une manœuvre. Il fait froid, mais cela ne nous empêche pas de faire les cons dans la plaine.
Le 15 février, le froid est vif. On fait un peu d'exercices le matin, mais on rentre de bonne heure car le soir il y a une manœuvre de bataillon. La manœuvre consiste de prendre le village de Vatiluk. La manœuvre terminée, on rentre, le vent souffle.
Le 16 février, on ne va pas à l'exercice à cause qu'à midi ma section est de garde au poste de police. Le vent se calme. À 9 heures du soir, je suis de garde devant la tente du colon. Il fait froid. À 10 heures 30 je suis relevé de garde. Je me réchauffe et je me couche.
Le 18 février, comme c'est dimanche, on a repos. J'en profite pour aller laver mon linge. Le soir, le régiment organise des jeux de football, la vie sportive renaît.
Le 19 février au matin, le lieutenant de la section nous passe une revue pour voir ce que l'on a besoin. Le soir, on va faire des jeux pour exercices, cela rassemble la caserne. À 5 heures, je vais visiter une mosquée d'un village grec.
Le 20 février au matin, nous allons faire une partie de football pour nous dégourdir un peu. Le soir, comme c'est Mardi gras, nous avons quartier libre, le beau temps se gâte.
Le 21 février au réveil, il pleut. Nous n'allons pas à l'exercice, mais le soir malgré la pluie nous allons faire une manœuvre de bataillon. Le froid est vif.
Le 22 février au réveil, le vent souffle, on a repos. Le soir on a une revue des vivres et de réserves par le commandant. Il fait beau temps.
Le 23 février au matin, le froid est vif. On va faire des jeux pour faire passer le froid. Le soir, instruction des sections pour la marche en avant, jamais pour la marche en arrière.
Le 24 février au matin, on fait des jeux pour nous dégourdir. À midi 30, rassemblement pour une manœuvre de bataillon du côté du village de Bourmazack. Il fait chaud, mais on a le filon (de la chance), ma compagnie est en réserve.
Le 25 février, comme c'est dimanche, on a repos mais à 8 heures 30, revue par le lieutenant des effets qui nous manquent. Le soir je vais jouer un match d'association contre la première compagnie du régiment. Si on reste longtemps dans ce camp, la vie sportive régnera.
Le 26 février, en matinée, on fait des jeux. Le soir, exercice jusqu'au village de Vatiluk. Cet exercice nous montre une défense en cas d'alerte, si une escadrille boche vient bombarder le camp.
Le 27 février au matin, on va faire des jeux. Le soir un ordre arrive pour que l'on change de camp afin que le régiment ne soit pas trop groupé en cas de bombardement. On se porte à un kilomètre plus à gauche. À 4 heures, on aperçoit une escadrille boche composait de 16 avions qui bombardent Salonique. De retour, ils laissent tomber des bombes sur les hangars de l'aviation militaire qui se trouve à 500 mètres de notre camp. Nous, nous partons du camp, allant sur la crête, nous mettre en tirailleur pour se garantir des bombes. La panique règne déjà dans le camp.
Le 28 février à 8 heures du matin, on va enterrer l'emplacement des tentes de l'ancien camp. Le commandant n'est pas gentil. Le soir on monte les sacs et l'on passe une revue par le colonel, mais il ne barde pas trop (il ne nous sermone pas trop) car c'est un préparatif pour passer la revue demain par le général. Le mauvais temps recommence.

mars 1917

Le 1er mars au réveil, un vent souffle avec violence, suivi par la pluie. La revue par le général de division est renvoyée par rapport au mauvais temps. Le soir il neige et malgré le vent, le froid est vif. Je reste toute la journée sous la tente couché. La nuit arrive, le temps ne s'est pas calmé, les tentes commencent à laisser passer l'eau.
Le 2 mars au réveil, il ne pleut pas, mais le vent souffle. On a repos à cause du terrain qui est détrempé. Le soir il fait meilleur temps, on va faire des jeux pour se dégourdir les jambes.
Le 3 mars au matin, un ordre arrive : on a une revue par le général de division. On monte le sac, le froid est vif, à 9 heures on se rassemble. À 10 heures 30, le général nous passe la revue des deux bataillon qui reste avec un groupe d'artillerie, car le 8ième bataillon est parti pour faire des routes. À 11 heures 30 la revue est finie, on rentre chacun dans son camp. Le soir, on a repos complet.
Le 4 mars, comme c'est dimanche, messieurs les boches viennent nous sonner le réveil avec une escadrille d'une quinzaine d'avions. Ils bombardent le camp anglais, causant beaucoup de mal. Mais cette fois, ils durent rebrousser chemin plus vite que l'autre fois. Nous autres, on a été obligé d'évacuer le camp, comme l'autre jour. Le temps est splendide.
Le 5 mars au matin, on va faire des jeux comme chaque jour, le soir, il y a une marche de manœuvre du bataillon. Mais on ne fait pas grand-chose vu qu'il fait trop chaud, et l'on fait des petites tranchées en cas qu'un jour, les Bulgares viendraient à percer notre front : comme cela on aura des abris pour s'abriter des balles.
Le 6 mars au réveil, le temps se présente beau, on va faire de l'exercice, mais il ne barde pas (il n'est par trop dur). Le soir à l'exercice, on ne fait pas grand-chose car il fait trop chaud.
Le 7 mars au matin, on fait des jeux et le soir des manœuvres de bataillon. Il fait chaud et même trop chaud, on n'arrive pas à se traîner.
Le 8 mars au réveil, on va faire des jeux et le soir de l'exercice par section. On fait toujours les mêmes conneries, ils ne peuvent pas nous laisser tranquille ?
Le 9 mars au réveil, comme j'ai la flemme, je trouve le moyen de ne pas aller faire l'exercice. Le soir je vais à la manœuvre de bataillon. Il faut chaud, mais la manœuvre n'est pas fatigante.
Le 10 mars, il fait un vent formidable et froid, mais cela n'empêche pas que l'on va faire le con matin et soir.
Le 11 mars, le vent ne s'est pas calmé, on va aux douches. Le soir il fait meilleur temps et comme c'est dimanche, on a repos.
Le 12 mars au matin on a repos, mais le soir on a une revue en tenue de campagne complète car demain, on quitte le camp de Topcin pour se rapprocher du front.
Le 13 mars au réveil, on démonte les tentes pour monter les sacs. À 10 heures, on se rassemble, le général de division nous passe la revue. À 10 heures 30, on quitte le camp de Topcin, passant par la crête, à Vatiluk, puis le village de Kardoglou, la marche est pénible car il fait chaud. À 3 heures, on arrive au camp de Vardarowski à 400 mètres de Vardar. On monte les tentes malgré la fatigue.
Le 14 mars à 11 heures, on quitte le camp de Vardarowski, il pleut, la marche est pénible, on suit le Vardar tout le long jusqu'à Karosouli, puis on s'engage dans les marais par un sentier. La marche est tellement pénible qu'il y a beaucoup de traînards. On passe le Vardar sur un pont en planche construit par le génie. On passe le village de Bohémica et le camp se trouve à 500 mètres dans le ravin. On monte les tentes aux abords d'un ruisseau. À 7 heures, notre demeure est finie. À 9 heures, on mange la soupe puis on se couche.
Le 15 mars, on fait la grâce matinée car on sait que demain on doit repartir. Il fait beau temps, je descends au village pour acheter des provisions pour la prochaine marche. À la tombée de la nuit, il pleut.
Le 16 mars au matin, il pleut encore, on monte les sacs et l'on quitte Bohémica à 10 heures, passant sur le pont Regnault, puis on grimpe des petites montagnes à pic, puis le mont Maurel. À 5 heures du soir, on arrive au camp de l'arbre noir, on monte les tentes, puis on est obligé de faire la cuisine par escouade, le temps est à la neige.
Le 17 mars, on quitte le camp de l'arbre noir à 10 heures, il neige. On doit grimper des montagnes jusqu'à 1000 mètres d'altitude, couvertes de neige, la marche est pénible, il nous tarde d'arriver. On arrive au col de l'Affranchi à 6 heures du soir, le sol est couvert d'une couche de neige de 15 centimètres que l'on doit enlever pour monter les tentes. On est tellement fatigué que personne ne veut faire la soupe, on jette la viande.
Le 18 mars au matin, il fait beau temps, on part du camp de l'Affranchi à 9 heures du matin, on grimpe toujours des montagnes, puis on descend, mais la route est mauvaise avec de la boue jusqu'aux genoux. On arrive au village de Livadia à 3 heures, on est logé chez l'habitant. On est heureux de trouver un cantonnement si joli, mais on nous annonce que le lendemain, on repart.
Le 19 mars, on fait la grasse matinée pour se reposer un peu. Je vais chercher du bois pour faire la soupe. Le soir on repart de Livadia à 7 heures. À la sortie du village, on grimpe une colline puis on descend presque tout le long du chemin. La marche est pénible à cause qu'on doit marcher sur les pierres. À 2 heures du matin, on arrive au village de Osin qui n'est pas habité. On couche dans les maisons. On est en subsistance à la 122ième division.
Le 20 mars au matin, messieurs les bulgares commencent à bombarder le village, mais cela ne nous épouvante pas. Devant nous, on aperçoit une grande montagne couverte de neige que les bulgares occupent. Le soir à 7 heures on va relever. Au bout de 3 heures de marche, on arrive à notre tranchée de réserve. On relève le 1er colonial, les abris se trouvent au sommet d'une montagne, mais ils ne sont pas très bon. Le secteur est calme.
Le 21 mars le matin on a repos, mais le soir on va faire des tranchées, à l'ouvrage B11, dans les rochers. Mais on est obligé de quitter le travail parce qu'il pleut.
Le 26 mars le matin pour ne pas changer, on va au travail, matin et soir. Il paraît une note sur le rapport que la 2ième et 3ième compagnie aura à instruire une compagnie de Vénézéliste chacune. Avec toute mon escouade, nous avons mangé dix tortues. ( les Vénézélistes sont les militaires du roi Vénézélos de Serbie qui fait cause commune avec Alexandre, le roi de Grèce).
Le 27 mars le matin, on va faire dans le ravin, les emplacements des toiles de tentes pour les Vénézélistes. Le soir, on va à l'exercice à travers ces montagnes en vue des bulgares. Jamais je n'ai vu pareille chose : être aux tranchées et aller à l'exercice. À 6 heures, il pleut, dans les abris aussi. On reçoit la 10ième compagnie du 3ième régiment Crétois pour les instruire.
Le 28 mars le matin, il pleut encore, on ne va pas au travail. Le soir, il fait beau temps. Je vais en corvée pour le commandant chercher des cartouches. Je visite un monastère grec. Il fait plaisir à visiter à cause des peintures. À 9 heures 30, les Grecs arrivent.
Le 29 mars le matin, on va toujours au travail creusant une tranchée dans les rochers. Deux avions français survolent les lignes ennemies. Le soir au travail, la nourriture ne va pas trop bien (n'est pas bonne).
Le 30 mars le matin, on va au travail, les Grecs viennent avec nous pour apprendre. Le soir aussi, messieurs les bulgares lancent quelques obus sur nous, mais personne n'est touché. J'ai reçu la photo de Marcelline et de Rose.
Le 31 mars le matin, on va au travail au même endroit. Le soir, je vais faire un exercice de coureur, du commandant au capitaine. Journée de ballon (de poisse) serrer la ceinture de trois cran (on n'a pas mangé).

avril 1917

Le 1er avril le matin, je vais au travail. Le soir comme c'est dimanche, ils nous donnent la soirée de repos pour faire les travaux de propreté. J'en profite pour aller laver mon linge.
Le 2 avril, je vais au travail matin et soir. Il fait beau temps. Depuis plusieurs jours, on ne fait pas pour cinq de travail par jour et encore on trouve que l'on travaille trop.
Le 3 avril, matin et soir je vais au travail. Magnifique journée, il fait chaud. Après la soupe du soir, une escadrille passe sur nos lignes pour aller bombarder Salonique ; au bout d'un quart d'heure, ils sont de retour. C'est la 3ième escadrille que je vois depuis que je suis à Salonique.
Le 4 avril, nous allons matin et soir au travail. Pendant toute la journée, il fait chaud, des avions bulgares survolent nos lignes.
Le 5 avril, nous allons matin et soir au travail. Il fait beau temps et messieurs les bulgares bombardent plus que d'habitude.
Le 6 avril, nous allons matin et soir au travail, mais le travail que nous faisons ne se connaît pas trop car on est dégoûté à cause qu'on s'attend chaque jour à être relevé.
Le 7 avril le matin on va au travail. À midi, il arrive l'ordre de faire la sieste jusqu'à 3 heures. Le soir en rentrant du travail, l'ordre arrive : on est relevé du secteur par les Grecs.
Le 8 avril, jour de Pâques, on a repos. Moi, je suis désigné pour aller faire le cantonnement pour l'escouade. À 10 heures, on part, on passe à Osin et l'on va monter les tentes dans un ravin à 500 mètres du village. Il fait chaud et à 9 heures du soir la compagnie arrive.
Le 9 avril, on a repos toute la journée. Sous les toiles de tentes, il fait trop chaud, on ne peut pas dormir. Pour nous faire boire un peu plus on nous donne de la morue.
La nuit du 9 au 10, il éclate un violent orage. L'eau tombe pendant une heure à torrent, les toiles laissent passer l'eau, mais cela ne nous empêche pas de dormir. De toute la journée, on a repos. À (l'heure de) la soupe du soir, le temps s'est remis au beau. Une escadrille boche lance 60 bombes sur Livadia et trois sur Osin, mais les trois dernières ne font aucun mal. C'est la 4ième escadrille.
Le 11 avril, le matin, le sol est couvert d'une couche de gelée blanche. On consacre la matinée à camoufler les tentes pour les avions. Le soir, exercice pour nous faire voir comment on monte un sac avec la toile de tente, la couverture et les vivres de réserve pour monter à l'assaut.
Le 12 avril au réveil, il fait un soleil magnifique. On a repos. Le soir, on est aussi au repos mais le temps se gâte. Pour se distraire, on se promène un peu sur la montagne.
Le 13 avril au réveil, le temps se présente au beau. On a repos et le soir aussi. Si cette vie continue cela n'ira pas mal pour nous, mais ce repos que l'on prend maintenant, ils nous le feront payer.
Le 14 avril de bon matin, les avions français survolent les lignes ennemies. Le soir le colonel passe, nous fait déménager de l'emplacement et nous allons monter les tentes 500 mètres plus loin dans un ravin. Je pense que c'est un fou ce colon.
Le 15 avril, c'est dimanche, on a repos, mais on passe la matinée à faire un abri avec des branches pour ne pas être vu des avions. Belle journée, les arbres se couvrent chaque jour d'un peu plus de feuilles.
Le 16 avril à 6 heures 30, on va au travail pour agrandir la piste afin que deux mulets puissent passer aisément. Le soir on y retourne, mais on ne fait pas grand travail.
Le 17 avril au matin, on va au travail, il fait froid. On est obligé de travailler bien que le temps soit à la pluie, mais on ne se fatigue pas trop.
Le 18 avril le matin, on part au travail pour faire un poste de secours au 84ième d'infanterie. On fait des claies pour maintenir la terre. Le soir à 4 heures, on quitte le travail. Il pleut et l'on est obligé de marché un peu vite pour ne pas trop se mouiller.
Le 19 avril au matin, on va à l'exercice, mais on ne barde pas (on ne force pas). Le soir, il y a une revue d'armes par le lieutenant. Le temps se refroidi, la neige est tombée sur les montagnes.
Le 20 avril le matin, on va au travail sur la piste. Le soir, on ne va pas au travail à cause qu'il tombe de la neige : l'hiver recommence.
Le 21 avril le matin, on va au travail, il fait froid, les montagnes sont couvertes de neige. On est obligé d'aller travailler. Ce soir, repos à cause que demain, le général de la 122ième division nous passe en revue.
Le 22 avril le matin, on a encore repos. Je fais la lessive. À 11 heures, on nous rassemble pour la revue du général. On reste plusieurs heures à l'attendre et un ordre arrive qu'il ne passe pas la revue.
Le 27 avril le matin, il pleut encore. Préparatif pour l'attaque. Le soir, on fait un petit sentier pour que les mulets puissent passer.
Le 28 avril, le temps se remet au beau, mais on a repos toute la journée.
Le 29 avril, il fait beau temps. Repos comme c'est dimanche. Bombardement du mont Skradilengen.
Le 30 avril au matin, on va travailler sur la piste de Osin au 84. Le soir aussi, mais on est obligé se quitter le travail à cause que les bulgares bombardent la piste.

mai 1917

Le 1er mai le matin, on fait un peu d'exercices, le soir, revue par le lieutenant des tampons de masques (filtres de masque à gaz).
Le 2 mai, travail toute la journée sur la piste de Osin. Le travail est clair.
Le 3 mai le matin, on fait un peu d'exercices. Le soir, revue d'outils et théorie sur les fusils-mitrailleurs.
Le 4 mai au matin, travail sur la piste, le soir aussi. On va se baigner à la rivière car il fait chaud.
Le 5 mai, on nous retire les effets d'hiver, chappe, tricot, gant. Le soir, le lieutenant nous lit le rapport.
Le 6 mai, repos. Commencement du bombardement pour l'attaque sans beaucoup de violence.
Le 7 mai, le bombardement continue, mais il pleut. Le soir, je suis au poste de coureur. Du sommet de la colline, on admire le bombardement, on verse les sacs.
Le 8 mai, repos de toute la journée. On nous distribue trois grenades par hommes, le bombardement continue. Le soir l'ordre arrive que l'attaque est retardée de 24 heures à cause que les positions ennemies ne sont pas assez bombardées.
Le 9 mai, le bombardement continu toujours. On a repos. Le soir on nous redistribue trois grenades par homme. À minuit on monte le barda d'assaut. C'est à 2 heures que la compagnie part. À 3 heures, on arrive à A10, là on attend les ordres.
Le 10 mai à 4 heures 30, le 84ième attaque les petits postes bulgares. À 6 heures, ils se sont emparés du mont Skradilengen avec les Grecs et il n'y a pas beaucoup de pertes. Les bulgares contre attaquent de suite, ils sont repoussés mais à 5 heures du soir, contre-attaque avec des forces et le 84ième est obligé d'abandonner les positions conquises, abandonnant tout. Mais ils arrivent à se maintenir aux ouvrages avancés, à la nuit tout se remet au calme. Nous, on n'a pas bougé, le 84ième à fait quelques prisonniers mais comme pagaille, c'était pire que le 58ième à Dieuze. Tous les poilus savaient bien prendre le chemin du Pointeau.
Le 11 mai, le matin, tout est calme. On ne dirait pas qu'une attaque vient d'avoir lieu. Le soir, les bulgares cherchent à reprendre les éléments des tranchées qu'on a encore, mais ils ne réussissent pas. Pour en résumer de cette attaque, les bulgares nous on pris plusieurs mitrailleuses, un canon de 37, fait des prisonniers et en plus un commandant. Nous, on a fait une vingtaine de prisonniers et c'est tout.
Le 12 mai à 2 heures le matin, les bulgares contre attaquent et reprennent les tranchées perdues et le 84ième est obligé de se retirer dans les anciennes lignes. À ma compagnie, il y a un blessé. Nous, on est content que l'attaque n'est pas réussi, car ce matin on devait attaquer le mont Tilumus et le Catafalque en face du col de la Hulma, activité de l'artillerie pour qu'ils amènent des réserves sur ce point. Il pleut pour aller mieux.
Le 13 mai à 1 heure le matin, on va travail pour faire une piste au ravin de la bergerie. Il fait beau temps, les Grecs ne peuvent pas rester tranquilles, ils tirent toute la journée.
Le 14 mai le matin, il pleut, mais l'artillerie ne peut pas rester tranquille. On a repos toute la journée, mais le temps n'est pas trop beau.
Le 15 mai à 2 heures au matin, on va jusqu'au soir sur la piste. À 3 heures 30, on quitte tout d'un coup le ravail car un violent orage éclate, la grêle tombe, on ne se voit pas les uns des autres. On est trempé. Heureusement que pendant toute la journée il fait du soleil et l'on peut faire sécher les effets.
Le 16 mai au matin, repos. Le soir à partir de midi, on va tracer une piste allant vers Ikra. À 8 heures, même chose, mais on est obligé de l'approfondir pour ne pas être vu par les bulgares pendant le jour.
Le 17 mai au matin, repos. Le soir, on va transporter des chevalets de frise au 1er bataillon du 84ième, qui se trouve au pied de l'Ikra. En arrivant de cette corvée, on va faire des claies.
Le 18 mai au matin, on va chercher des branches pour faire des claies. Le soir, on fait des chevalets de frise, le travail presse.
Le 19 mai à 2 heures au matin, on va mettre du gazon et des branches vertes pour cacher la piste. Le soir, on fait des chevalets de frise. Notre commandant de bataillon a eu la jambe droite brisée par un obus.
Le 20 mai au matin, repos. Le soir, on fait des chevalets de frise. À 4 heures du soir, l'ordre arrive que l'on est relevé. À 8 heures 30 on part de B9, on passe par le point haut Kupa. On monte les tentes à la Fourche.
Le 21 mai, on touche les effets kaki, veste et pantalon avec le casque colonial. À 8 heures 30, on repart, la marche est un peu pénible. On passe à l'arbre noir puis au mont Morel.
Le 22 mai à 1 heure au matin, on arrive sur les lieux. On est obligé de monter les tentes, le temps est à la pluie. On a repos. À 6 heures du soir, on verse les sacs. C'est un camion qui nous les porte. À 8 heures, on repart et la marche n'est pas trop fatigante car on n'a pas les sacs.
Le 23 mai à 2 heures au matin, on arrive à Bohémika. On couche sous un hangar après avoir touché l'ordinaire. On va embarquer à Karassouki, on débarque à Topcin. à 11 heures, on touche deux jours de vivres et l'on va embarquer à une station à 3 kilomètres plus loin, près du Vadar. Pendant le trajet, on passe aux gares de Kijalar, Milovou, Roaïnajoc, Maleï, Toziaon, et l'on débarque à Kalépina. À 4 heures, on va monter les tentes à 400 mètres de la gare.
Le 24 mai, on a repos, mais le soir on change d'endroit. On va à 500 mètres plus loin pour laisser la place au 3ième bataillon qui doit arriver. On se débrouille pour acheter des vivres, pour pouvoir manger un peu mieux qu'aux tranchées, car il faut en profiter, du moment que nous sommes en arrière.
Le 25 mai, repos mais la chose barde à cause que des poilus sont rentrés ivres. Moi, je fais la cuisine, je fais cuire un poulet avec une omelette au rhum, c'est le système débrouille.
Le 26 mai, le capitaine fait barder (sermonne) la compagnie, 3 appels par jours. Je fais une sauce blanche avec des pois verts. Le soleil chauffe trop, on ne peut pas rentrer sous les toiles de tentes.
Le 27 mai à 5 heures 30, on part à la mer pour se baigner, on est de retour à 11 heures. Le soir on a repos, mais mon escouade est de garde à 5 heures au village Ekatérini.
Le 28 mai, au matin, on est au repos. Le soir aussi, mais le soleil chauffe malgré qu'on soit prés du mont Olympe.
Le 29 mai au matin, on part à la mer et l'on est de retour à 11 heures. Puis le soir, on va à la gare pour débarquer un train de ravitaillement.
Le 30 mai au matin, on va faire des jeux. Le soir, on a une revue de vivres et de réserves. Je vais toucher l'ordinaire à la gare Ekatérini.
Le 31 mai à 6 heures au matin, on quitte le camp, on traverse la petite ville d'Ekatérini. Avec l'arme sur l'épaule. Il fait chaud, on va camper au sommet d'une petite colline, au milieu des arbres.

juin 1917

Le 1er juin à 6 heures, on part pour aller laver le linge à la rivière. Le soir, repos. Je vais toucher l'ordinaire, il fait chaud. Malgré la chaleur qu'il fait, le mont Olympe qui est à 3000 et quelques mètres est encore couvert de neige.
Le 2 juin, au matin, corvée de lavage à la rivière. Le soir, revue en tenue de campagne par notre chef de section.
Le 3 juin au matin, marche militaire, mais on rentre de bonne heure à cause de la chaleur. Le soir, on a repos : il faut faire attention aux vipères pour de pas être piqué.
Le 4 juin au matin, corvée de lavage. Le soir repos car il y a ordre de partir.
Le 5 juin, repos toute la journée. La première compagnie part pour s'embarquer. Nous, on attend à chaque moment de partir.
Le 6 juin à 1 heure au matin, on quitte le camp, on passe à Ekatérini pour aller s'embarquer à la gare. À 5 heures, le train se met en marche, on passe sur la même gare que l'autre fois. On descend à la gare de Keurreli, mais on a encore 5 kilomètres à faire pour arriver au camp. Il fait une chaleur accablante, la marche est dure. À 6 heures du soir, on arrive au camp de Samli. On monte les tentes.
Le 7 juin au matin, on a repos, on se lave à la rivière de Galiko. Le soir, repos et il n'y a aucun ordre pour repartir.
Le 8 juin à 1 heure au matin, on nous réveille car un ordre vient d'arriver pour partir. À 3 heures, on quitte le camp de Samli, la marche est un peu dure à cause qu'elle est trop lente. On arrive au camp de Teitenlik à 8 heures. À 3 heures du soir, on en repart pour aller s'embarquer. La marche est pénible à cause de la poussière. On traverse Salonique où le général de division nous passe en revue ainsi que le général Sarrail. À 6 heures, on rentre dans le port et l'on embarque sur "l'Impératrice Catherine II", le même bateau que l'on avait pris à Toulon. On est logé au 4ième pont, il fait tellement chaud que l'on est obligé de monter sur le 1er pont. Le soir, je couche sur l'arrière du bateau.
Le 9 juin à 8 heures, on quitte le port pour aller en rade et attendre le restant de la division. De là, on voit très bien la ville de Salonique avec son port où il y a de nombreux vaisseaux de guerre en rade. À 7 heures du soir, on démarre. Le "Canada" suit derrière nous avec deux autres (bateaux). À 8 heures, on a fini de passer les filets, des contre-torpilleurs nous escortent, sur la gauche, on voit un navire anglais échoué dans le sable qui avait été torpillé pour l'arrière. Le soir je vais me coucher dans une embarcation, la mer est calme, on dirait que l'on ne marche pas.
Le 10 juin au matin, après avoir bu le café, je monte sur le pont pour prendre l'air. Sur notre droite, on rencontre quatre autres bateaux, cette fois, on est un peu plus en sécurité car l'escorte se compose de huit unités. On aperçoit les côtes et la mer est toujours calme. En allant chercher la soupe, je déguelle. Le soir on passe entre de nombreuses iles. On s'approche du Pirée. À 11 heures du soir, on arrive dans le golfe d'Egée où le bateau se met en rade pour attendre le jour et les ordres.
Le 11 juin au matin, après avoir bu le café, je monte sur le pont, j'aperçois des montagnes de chaque côté au fond d'un étroit bras de mer où stationnent des navires de guerre. Le soir, il n'y a encore aucun ordre de débarquer mais à chaque moment, il arrive de nouveaux bateaux chargés de troupes ou de vivres.
Le 12 juin au matin, l'ordre arrive de débarquer. C'est à 11 heures que l'on débarque sur un chaland "le bon voyage". À 1 heure, on débarque au port du Pirée que l'on suit tout le long de la mer. Puis ma section à la mission de reconnaître la rue principale du Pirée qui est cimentée. On a approvisionné le fusil et l'on traverse la ville sans aucune difficulté. On va établir les avant-postes de l'autre côté de la ville pour attendre la décision du gouverneur Grec.
Le 13 juin au matin, pas d'ordre, tout se passe bien, les habitants la sautent (ont faim), j'avais jamais vu chose pareille.
Le 14 juin, mêmes ordres, tout se passe bien. On commence à toucher l'ordinaire, mais le pain est mauvais.
Le 15 juin, il fait mauvais temps. Vu de mes yeux, des femmes mangent des pieds d'artichaut, c'est la famine complète.
Le 16 juin, il n'y a pas encore d'ordre, mais l'ordinaire ne va pas trop bien, le pain est moisi.
Le 17 juin, on est toujours au même emplacement mais le soir, à l'ordinaire, on est obligé de changer le pain par des galettes.
Le 18 juin, le beau temps règne, mais cela ne fait pas la vie car la nourriture ne marche pas trop bien (n'est pas bonne).
Le 19 juin, le général Regnault, qui commande notre mission, passe la revue des avant-postes mais il ne barde pas (il ne réprimande pas).
Le 20 juin, l'ordre arrive que l'on est relevé par la 4ième section qui se trouve presque au faubourg d'Athènes. C'est à 6 heures que la relève a commencée.
Le 21 juin dans notre nouvel emplacement, on n'est pas trop bien, pas d'ombre et le soleil chauffe. À l'ordinaire on touche de la mauvaise viande.
Le 22 juin, belle journée, la nourriture ne marche pas trop bien, mais on touche du pain frais car depuis quelques jours nous n'avions que des biscuits.
Le 23 juin, le colonel visite les avant-postes, le soleil chauffe et l'ordre arrive que l'on est relevé mais personne nous remplace. On va s'installer à un kilomètre plus en arrière, tout près de la ligne de chemin de fer électrique.
Le 24 juin, c'est le Saint-Jean. Voilà la troisième fête que je passe depuis que je suis en guerre. À l'ordinaire on touche de la mauvaise viande et l'on commence à tracer des emplacements de tranchées.

















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