Sur l'Acropole d'Athènes




agenda sur 1917 de Jean Roig
58ième d'infanterie, 2ième compagnie

Salonique



juin 1917

Le 25 juin à 2 heures au matin, l'ordre arrive de se tenir prêt. C'est à 5 heures que l'on part en vitesse, on va rejoindre la route de Phalère. On rentre dans le faubourg principal d'Athènes. On va se mettre en position au sommet de l'Acropole qui est un monument tout en ruine. On passe la revue par le général Regnault.
Le 26 juin, on a la visite du général Regnault et du colonel. Pour l'instant les civils sont calmes, le 19ième d'artillerie est en position sur le mont Philopopos, les mitrailleuses prennent les principales rues d'Athènes à l'enfilade en cas d'une manifestation.
Le 27 juin, je visite toutes les ruines de l'Acropole d'où l'on peut voir tout le panorama d'Athènes. À une heure de l'après-midi, M. Vénézelos arrive à Athènes pour se rendre au palais royal. Les rues sont gardées, les civils poussent des cris, mais tout se passe bien. Le 9ième crétois escorte Vénézelos.
Le 28 juin, pas d'ordre, le soir je descends à Athènes pour visiter le palais royal et les principaux monuments, mais la ville n'est pas trop jolie car elle est ancienne et sans souvenir (monuments).
Le 29 juin, il fait mauvais temps, il fait un orage. Je fais la cuisine et on n'a pas de bois de chauffage, mais à cela on est habitué. Le soir, je sors en ville.
Le 30 juin, il fait beau temps. Remise de décoration sur la place du stade et à l'ordinaire, on touche deux quarts de vin en plus à l'occasion de Vénézelos. Je suis fatigué et je suis obligé de me couché.

juillet 1917

Le 1er juillet, il fait beau temps pendant toute la journée. Je suis obligé de rester couché, je ne sors pas en ville. Un ordre arrive que l'on est relevé.
Le 2 juillet à 6 heures au matin, on est relevé par la 3ième compagnie. On va cantonner en bas de l'Acropole et l'on est enfermé dans un enclos pour ne pas que les civils viennent nous emmerder.
Le 3 juillet, on a deux quarts de vin en plus à l'occasion du général Regnault qui commande notre mission. Le temps est beau.
Le 4 juillet au matin, le général Sarrail arrive à Athènes. On est en alerte, ma section est de garde aux avant-postes.
Le 5 juillet, la nourriture ne va pas trop bien avec cette chaleur, il y a beaucoup de malades.
Le 6 juillet, il fait beau temps, ma section est de garde à la division sur la route de Phalère.
Le 7 juillet, il fait un temps lourd, il semble qu'il va pleuvoir. La nourriture commence à aller un peu mieux.
Le 8 juillet, je vais promener en ville pour visiter le stade où il peut aller 40 milles personnes. On touche un deuxième complet kaki.
Le 9 juillet, belle journée. Comme c'est la journée des poilus, je vais au théâtre où les poilus jouent. Parmi les spectateurs, je trouve une grosse tête comme Vénézelos. Le théâtre est pavoisé des drapeaux des puissances protectrices.
Le 10 juillet, le temps est magnifique. Le bruit court que l'on va quitter Athènes, mais ce n'est pas bien sûr.
Le 11 juillet, le soir, je vais promener en ville, puis je vais au théâtre voir une représentation faite pour les poilus.
Le 12 juillet, l'ordre arrive que l'on part à cause que le bataillon à trop de malades.
Le 13 juillet, on va relever la 1ière compagnie au rocher près de l'Acropole. Là, on ne reste pas mal (on est bien).
Le 14 juillet, fête nationale à Athènes, les rues sont pavoisées de drapeaux alliés. Le soir à 7 heures, je vais regarder passer la revue au stade par le général Regnault.



Le 15 juillet, belle journée, la section se relève par demi-section. Mon escouade va dans une chapelle au pied de l'Acropole.
Le 16 juillet, belle journée. L'ordre arrive que l'on quitte Athènes pour Lirissa. On nous distribue des vivres pour le chemin de fer.
Le 17 juillet, l'ordre est changé, au lieu de partir à 8 heures, on part à 1 heure. On va se rassembler à la place de l'Acropole et à 1 heure on se met en route, on embarque à la station de Larissa. À 3 heures, le train se met en route, le paysage est montagneux avec de grandes forêts de sapin.
Le 18 juillet au matin, on commence à traverser les plaines de Thessalie. À 5 heures du soir, on arrive à Larissa où les Grecs ne voulaient pas se soumettre. À cet endroit, le terrain est cultivé, la principale récolte est le blé.
Le 19 juillet au matin, on se trouve à Edessa, ayant dépassé Salonique, on se trouve sur la voie ferrée de Monastir. À 1 heure de l'après-midi, on débarque à Banitsa. À 5 heures, on se met en route pour faire des kilomètres. On passe à la gare de Florina, c'est bientôt minuit. Jamais on arrive, moi, je couche en route : j'ai le temps d'arriver.
Le 20juillet, je me réveille et je monte le sac pour aller rejoindre ma compagnie qui se trouve de l'autre côté du village de Levolagny. Je suis fatigué et l'on n'a pas trop de quoi manger.
Le 21 juillet, il fait beau temps, il fait chaud. Je suis un peu malade, mais je n'ai pas grand-chose (ce n'est pas grave). Le soir, on a une distribution d'effets.
Le 22 juillet, belle journée. Le soir, il y a douche pour la compagnie au village de Lavolagny.
Le 23 juillet, il fait chaud, mais le soir, un orage éclate.
Le 26 juillet, le temps s'est rafraîchi un peu car il ne fait pas si chaud. On reçoit des nouvelles de France de 9 jours.
Le 25 juillet, belle journée, la chaleur est accablante et la nourriture ne va pas trop bien.
Le 26 juillet, l'ordre arrive de partir et sur le rapport, il est noté qu'un bateau de colis venant de France, a été coulé.
Le 27 juillet, belle journée. On quitte le camp sud de Nevolagny à 7 heures, la marche est dure et fatigante à cause de la poussière.
Le 28 juillet à 3 heures au matin, on arrive au camp de Baresani. Il me tarde d'arriver et faire 22 kilomètres, c'est dur. De la fatigue, je ne monte pas la tente, je me couche. Le soir, on repart pour 15 kilomètres, la marche est dure à cause du terrain qui grimpe.
Le 29 juillet à 3 heures au matin, on arrive au ravin de Buccovo. Au jour, on nous fait changer d'endroit à cause que l'on est vu par les bulgares. Du sommet de l'arête, on voit très bien Monastir que les bulgares bombardent. Un sergent par section va reconnaître les tranchées de réserve.
Le 30 juillet au matin, je suis réveillé par le tir des canons et des avions qui survolent les lignes. Le soir, à 9 heures, on quitte le ravin de Buccovo, on passe par le village de Lahsè et Brusnick, et l'on va camper dans le ravin qui se trouve à 800 mètres du village.
Le 31 juillet au matin, je suis réveillé en sursaut par le tir des mortiers de 155. Pour passer la journée, on ne touche pas grand chose, c'est ballon complet (on a presque rien à manger, c'est la poisse totale).

août 1917

Le 1er août, de bon matin, on a la visite des avions bulgares. Le régiment n'est en première ligne que depuis deux jours et il y a des pertes en hommes et en officiers.
Le 2 août, il fait beau temps, la nourriture commence à aller un peu mieux, les avions bulgares bombardent Monastir.
Le 3 août, le temps est à l'orage, nos avions survolent les lignes ennemies.
Le 4 août, il fait un vent formidable, les bulgares bombardent de ravin de Brusmik. Le soir, ma section est de garde au village de Brusmik et les nuits commencent à être froides.
Le 5 août, je vais faire la cuisine au village. Les bulgares restent tranquilles. Le soir, je rentre au camp.
Le 6 août, le vent souffle, les bulgares nous envoient quelques obus, mais ils tombent loin du ravin.
Le 7 août, la plaine de Monastir est toute en feu, c'est pour débarrasser le pays des mauvaises bêtes qu'il peut y avoir. Le soir, il fait un petit orage.
Le 8 août, le temps semble s'être refroidi un peu, les avions ennemis vont visiter nos lignes arrières.
Le 9 août, belle journée. Le soir, vers 6 heures, les artilleurs bulgares s'acharnent sur une batterie française dans Monastir et ils arrivent à la démolir.
Le 10 août. Comme ma section est de garde, je n’ai pas beaucoup de travail. Je ne vais pas faire la cuisine à Brusmik.
Le 11 août, tout se passe à merveille, les bulgares sont sages. Mon escouade est de retour de la garde du village.
Le 12 août, on va relever le 2ième bataillon. Le soir on quitte le ravin de Brusmik. Presque pendant toute la route, on descend mais après avoir passé le ravin des Italiens, on commence à monter. À un moment donné, on monte à pic, le souffle commence à nous manquer. À 11 heures, on arrive aux tranchées. On relève la 6ième compagnie qui se trouve à demi pente de la côte 1248. Les tranchées ressemblent à celles de Béthincourt en 1914 ; on est en réserve.
Le 13 août, avant le jour, on touche l’ordinaire car dans la journée, nous sommes vu de tous les côtés. En face on a les villages de Posen, Bratindol, Misopolle, Dicovok, Rostink, puis la côte 2420 où se trouve encore la neige. Le secteur de Bratindol semble assez calme, nous sommes en réserve.
Le 14 août, belle journée. Les bulgares en profitent pour nous bombarder un peu, mais la réponse par le 65ième de montagne fut vite faite, puis tout a été calme. Des avions à nous, survolent les lignes ennemies.
Le 15 août, de bonne matin, l’artillerie est un peu plus active que d’habitude. Pendant la nuit, les mitrailleuses balayent la crête, cela fait énormément de bruit.
Le 16 août, la journée est très calme, l’artillerie reste tranquille, mais malgré que l’on soit sur une hauteur, il fait encore chaud. Chaque soir, les fusées éclairantes mettent le feu dans les lignes.
Le 17 août, les bulgares s’acharnent sur Monastir, sur le principal quartier et pour mieux l’arranger, ils y mettent le feu. Le soir, notre artillerie tire sur le ravitaillement bulgare.
Le 18 août de bon matin, notre artillerie lourde fait des tirs sur les batteries bulgares pour les démolir. Je suis malade, j’ai une petite crise de fièvre. Juste à la tombée de la nuit, les bulgares font une reconnaissance à la montagne de la mort où se trouve le 40ième, mais ils ont été bien reçus.
Le 18 août au matin, je vais mieux. L’après midi, les bulgares nous arrosent de petites torpilles, puis avec des obus. On n’a pas trop d’abris, mais tout se passe très bien, sans avoir trop de mal.
Le 20 août de bon matin, les avions français survolent les lignes bulgares. Il fait une jolie journée mais le soir, messieurs les bulgares nous bombardent. On est obligé de se sauver.
Le 21 août de bon matin, activés par les avions, trois appareils bulgares sont descendus dont pour l’un des trois, nous avons fait l’aviateur prisonnier. La campagne d’hiver commence à faire son apparition et l’on fait des commandes. Trois avions bulgares sont abattus par le 9ième d’artillerie en offensive devant Verdieu, dans notre ancien secteur.
Le 22 août au matin, le (mortier) 155 long tire sur une batterie bulgare pour la détruire, le tir est réglé par les avions. Le restant de la journée est tranquille.
Le 23 août, de bon matin, les bulgares nous envoient quelques (obus de) 150 et l’on est obligé de se sauver. Mais après, tout se passe bien. Il y a changement d’escouade.
Le 24 août à 3 heures du matin, on a la visite du colonel qui vient examiner le secteur de son régiment de l’observation U2 : tout se passe très bien.
Le 25 août, belle journée. Le secteur est resté calme presque toute la journée tant d’un côté comme de l’autre. Le soir, un homme par escouade descend au ravin des Italiens pour laver le linge sale que nous avons. Les bulgares nous bombardent de la côte 140.
Le 26 août, la journée se passe à merveille, le soir, les bulgares incendie le village de Brusmick avec des obus incendiaires.
Le 27 août, de bon matin, on a la visite du colonel pour examiner la plaine et pour prendre le saillant de Kiel aux bulgares.
Le 28 août, les commandants des batteries du 19ième d’artillerie examinent le terrain pour faire la destruction du fil de fer barbelé. Ils doivent trouver que l’on est trop (tranquille) au régiment et qu’une petite attaque nous ferait du bien.`
Le 29 août, journée très calme, mais il fait un vent froid.
Le 30 août, toute la journée est assez calme. Le soir, on va cueillir des raisins qui commencent à être mûrs.
Le 31 août, le matin est très calme, mais le soir les bulgares nous bombardent et l’on est obligé de se sauver de la tranchée.


Frontière de 1913 et tentative de conquête de la Bulgarie


septembre 1917

Le 1er septembre, de bon matin, les avions survolent les lignes, mais la journée est calme.
Le 2 septembre au matin, le bombardement du saillant de Kiel commence et durera toute la journée. Les bulgares ne répondent pas trop et le soir le bombardement se calme. 11 bulgares se rendent et disent qu’ils ont eu beaucoup de mal.
Le 3 septembre à 4 heures 45, les 9 et 10ième compagnies attaquent le saillant et le prennent sans avoir beaucoup de perte. Elles ont fait quelques prisonniers. Pendant tout le reste de la journée, le secteur est tranquille. Mais à 7 heures du soir, les bulgares bombardent pour faire la contre-attaque, mais ils sont vu avant de déboucher du ravin et l’artillerie les massacre. Pendant deux fois, ils font un effort pour le reprendre, mais ils n’y parviennent pas. À 9 heures du soir, les poilus reçoivent l’ordre d’évacuer le saillant. C’est après avoir évacuer les morts et les blessés que le saillant est évacué.
Le 4 septembre, les bulgares tirent toujours sur le saillant car ils pensent que l’on y est encore mais, avant le jour, ils attaquent par surprise et ils arrivent dans la tranchée sans voir personne. Si de temps en temps on leur mettait des frottées comme celle-là, ils resteraient tranquilles. Pour ma compagnie se fut le bonheur d’abandonner le saillant car le soir on va faire un boyau pour relier des tranchées. Le reste de la journée est calme.
Le 5 septembre, au matin, le saillant est entouré de chevalet de frise, mais ils abandonnent la pointe. La journée est calme.
Le 6 septembre, la journée est calme dans le secteur, mais les bulgares bombardent le ravin des Italiens où se trouve la cuisine. Les obus abîment le matériel pour porter la soupe le soir.
Le 7 septembre, le secteur est calme presque toute la journée, les bulgares font des travaux de fortification.
Le 8 septembre, journée calme. La plaine est toute en feu, occasionné par les obus.
Le 9 septembre, journée calme. L’ordre arrive que l’on est relevé par le 3ième bataillon par la 10ième compagnie. C’est à 11 heures que la relève arrive, on part de suite. On suit le ravin de l’infirmerie, la route de Resna, le ravin de Bratindol et l’on arrive à la tranchée d’Alger à 1 heure du matin. Chacun a un petit abri derrière une haie. Je me couche à cause que j’ai la dysenterie.
Le 10 septembre, au réveil, je sors de mon trou pour examiner le terrain. Mon escouade se trouve en face Posen, en liaison avec la 40ième. La journée, on ne peut pas sortir parce qu’on est vu de tous les côtés.
Le 11 septembre, on mange un lièvre que l’on a attrapé avec un lacet. De temps en temps, il fait plaisir de manger des plats comme celui-là. Mais moi, je ne puis pas trop en manger avec la dysenterie.
Le 12 septembre, cela ne va pas mieux. Les bulgares tirent quelques fusants en notre direction.
Le 13 septembre, le temps se gâte. Le soir, un orage éclate et dans nos abris, on n’est pas trop à l’abri de la pluie. On est obligé de mettre la tente par-dessus.
Le 14 septembre, le temps est toujours à la pluie, l’orage continu. De ma dysenterie, je commence à aller mieux. Il a plut presque toute la journée.
Le 15 septembre, le temps s’est remis au beau, mais la nuit il fait un peu plus frais que d’habitude.
Le 16 septembre, il fait une jolie journée. A 9 heures du soir, on est relevé par la 3ième et l’on va au repos au ravin de Brusmik. Il commence à y avoir des petits emplacements pour les tentes.
Le 17 septembre au matin, il fait froid. Le soir on a encore une distribution d’effets d’été et l’on commence à parler des permissions.
Le 18 septembre, il fait chaud. Le soir je vais travailler à faire un boyau à la sortie du village de Brunol.
Le 19 septembre, les avions bulgares font leurs rondes sur nos lignes, profitant du beau temps. Le capitaine me met 9 jours de prison pour m’avoir fait porter malade, ayant comme motif non malade.
Le 20 septembre, pendant la journée, il fait chaud. Le soir on reçoit des renforts à la compagnie. Je vais travailler à la sortie du village de Brunick.
Le 21 septembre, on reçoit encore des renforts. Je suis de repos, la journée est calme et le soir le premier convoi de permissionnaires part.
Le 22 septembre, l’aviation ennemie est active, profitant du beau temps. Le soir, il n’y a pas de travail à cause de la relève.
Le 23 septembre, belles journées. Le soir on part au ravin de Brunick à 8 heures pour aller relever en première ligne. À 10 heures, on arrive aux tranchées qui sont derrière une haie. C’est la 7ième compagnie que l’on relève. Chacun à un petit abri, le secteur est calme, on fait la liaison avec le 40ième.
Le 24 septembre au matin, je regarde le secteur. On se trouve aux pentes de Posen, puis on a le village de Truova en face. Les tranchées ne sont pas profondes et l’on ne peut pas circuler en plein jour sans être vu par les bulgares, mais aujourd’hui, ils ne sont pas mauvais (ils ne tirent pas).
Le 25 septembre, la journée est calme, mais le soir est mouvementé par les grenades à fusil, lancées de part et d’autre.
Le 26 septembre, le temps semble se gâter. Le soir les bulgares lancent quatre grenades vers la direction du petit poste.
Le 27 septembre de bon matin le bombardent avec des torpilles commence. L’artillerie s’acharne sur notre crapouillot.
Le 28 septembre, les bulgares restent tranquilles, les crapouillots lancent des torpilles sur Posen.
Le 29 septembre, la journée est calme. Le soir, il fait froid, les bulgares lancent des grenades croyant qu’ils sont attaqués.
Le 30 septembre, l’aviation est très active, mais l’artillerie ne bouge pas trop sur les tranchées.

octobre 1917

Le 1er octobre, les bulgares qui se trouvent devant Truova, sont relevés par des boches. Chasseur saxons, le secteur sura un peu plus à craindre.
Le 2 octobre, la journée est calme. Mais le soir, c’est des lancements des grenades à fusil de part et d’autre.
Le 3 octobre. Le soir, en allant toucher l’ordinaire, les bulgares nous envoient quelques fusants qui nous font nous sauver.
Le 4 octobre, la journée est calme. Le soir à 7 heures 30, on est relevé par la première section. On va en réserve à 500 mètres plus en arrière.
Le 5 octobre, la journée est un peu mouvementée. L’aviation fait son apparition. La section va travailler à faire des abris.
Le 6 octobre. Le matin, les bulgares arrosent un peu partout avec des obus. Le soir, il pleut. La compagnie fait un prisonnier Albanais.
Le 7 octobre, le beau temps revient. L’après midi, ils bombardent le ravin de Brunick, mais il n’y a pas de victime. Mais la batterie de 155 est bien repairée.
Le 8 octobre, la journée est un peu mouvementée. Les crapouillots bombardent le village de Tinova, mais les bulgares répondent. Le soir, on reçoit des renforts.
Le 9 octobre, de bon matin, les avions bulgares visitent nos lignes et bombardent le ravin de Brunick. Nous allons au repos.
Le 10 octobre, il fait beau temps et l’artillerie est active sur le mont de Posen, ainsi que les crapouillots.
Le 11 octobre, le mauvais temps arrive. Il pleut toute la journée, l’artillerie s’acharne sur les batteries ennemies.
Le 12 octobre, il fait mauvais temps, mais ma santé n’est pas trop excellente.
Le 13 octobre, le mauvais temps revient. Le soir je vais à la visite car je ne me sens pas trop bien. La 3ième compagnie a 2 morts et un blessé.
Le 14 octobre, il fait beau temps, l’artillerie est un peu active, mais tout se passe très bien.
Le 15 octobre, il fait beau temps. Le soir, on attend la relève avec impatience. À 9 heures, on est relevé par la 11ième compagnie. On va au repos au ravin de Brunick.
Le 16 octobre au matin, il fait froid. On prend le soleil comme des lézards. Dans le ravin, il commence à y avoir quelques petits abris, mais on est obligé de monter les tentes.
Le 17 octobre au matin, on nous distribue des effets d’hiver, pantalon, veste en drap avec une grande couverture et quelques petits linges de corps.
Le 18 octobre, à 8 heures du matin, on nous pique pour le choléra, mais la piqûre n’est pas trop mauvaise.
Le 19 octobre, la batterie de 155 court qui est dans le ravin, fait des tirs de destruction sur le mamelon de Posen. Les bulgares ne répondent pas trop.
Le 20 octobre, le 155 continu à faire des tirs. Le soir, on va relever la première compagnie à la tranchée d’Alger. On change d’emplacement. On ne trouve pas d’abri et le temps est à la pluie.
Le 22 octobre, il pleut encore. Le sol est détrempé pour aller toucher l’ordinaire, ce n’est pas le filon (ce n'est pas le bonheur), on n’y voit pas à un pas.
Le 23 octobre, il pleut toujours. Le soir, le temps s’éclaircit un peu. Ils bombardent l’ouvrage de Bratindol.
Le 24 octobre, il fait beau temps, les sommets des montagnes sont blancs de neige, mais il ne fait pas trop froid.
Le 25 octobre, le temps se gâte encore, mais la journée se passe très bien. Le soir, on va relever la 5ième compagnie qui se trouve en réserve à la côte 1248. Ma section est en première ligne. Le sergent qui nous commande nous perd, c’est la pagaille.
Le 26 octobre, il fait beau temps, les artilleries en profitent pour tirer la ficelle sur les tranchées.
Le 27 octobre, à 3 heures du matin, quand je suis de retour de la soupe, les bulgares déclenchent un tir de barrage sur la 1ière et 3ième compagnie. Tout le monde est alerté, pensant qu’il y allait avoir un coup de main. À 4 heures, le tir des deux artilleries cesse et le calme revient. Pour nous, il y a malheureusement 5 morts et 10 blessés.
Le 28 octobre le (canon de) 120 fait des tirs de destructions sur une batterie bulgare. Le soir, les bulgares font de petits bombardements avec des torpilles sur la première compagnie.
Le 29 octobre, il fait une belle journée. Les bulgares nous obligent à rentrer dans la sape car le (canon de) 88 qui tire de Margareso, prend la tranchée à l’enfilade.
Le 30 octobre, la journée s’est passée assez calme. La 4ième section relève ma section qui va en réserve aux pentes de la côte 1045.
Le 31 octobre, le temps change, il commence à pleuvoir, mais tout est assez calme, surtout l’artillerie.

novembre 1917

Le 1er novembre, la journée est assez calme, mais le soir vers 10 heures, une patrouille ennemie s’approche trop de nos fils de fer, qu’un tir de barrage se déclenche de part et d’autre.
Le 2 novembre est assez calme. Le soir, ils lancent quelques gros obus sur les tranchées de la plaine.
Le 3 novembre, la journée est assez calme. Le soir, comme je suis cuisinier, je vais travailler dans l’abri du lieutenant.
Le 4 novembre, l’artillerie est un peu plus active, mais il n’y a pas de duel. Le soir je vais travailler à sortir des pierres d’un abri.
Le 5 novembre est une journée calme avec une guerre de torpilles sur le mont Posen. Le temps se refroidit.
Le 6 novembre, pendant la journée, l’artillerie fait des tirs sur les tranchées. Pendant toute la nuit, le (canon de) 88 emmerde nos travailleurs.
Le 7 novembre, les artilleurs viennent reconnaître la tranchée pour y installer des crapouillots aux pentes de la côte 1248.
Le 8 novembre, la journée est calme, mais le temps est à la pluie. Les permissions sont supprimées.
Le 9 novembre, matin et soir, le (canon de) 155 du ravin de Brusnick fait des tirs de destructions sur les crapouillots bulgares du saillant de Kiel.
Le 10 novembre, l’artillerie lourde continue son tir sur les crapouillots, mais la journée est assez calme.
Le 11 novembre après avoir plut toute la nuit, le matin, je suis obligé de sortir l’eau pour qu’elle ne rentre pas dans mon abri.
Le 12 novembre, le beau temps recommence, mais l’artillerie fait quelques tirs sur les tranchées.
Le 13 novembre, il fait mauvais temps, il pleut dans la tranchée. On se remplit de boue.
Le 14 novembre, le temps n’est pas trop sur. Le soir on est relevé par la 10ième compagnie. Pendant la relève, le sergent nous perd, on va passer jusqu’à Monastir. Heureusement que l’on va au repos dans les nouveaux baraquements de Brusnick.
Le 15 novembre, il fait froid, mais on a repos. J’en profite pour laver mon linge.
Le 16 novembre, je vais au travail en face les baraquements, pour faire les emplacements des cuisines.
Le 17 novembre, je vais au travail, les montagnes sont couvertes de neige, le froid se fait sentir.
Le 18 novembre. Le soir, au travail, on nous pique pour l’antiparathyphoïde. La section est en révolution.
Le 19 novembre, on ne va pas au travail car on a deux jours de repos pour se reposer de la piqûre.
Le 20 novembre, on démolit les maisons pour retirer les charpentes afin de faire des abris pour les cuisines roulantes.
Le 21 novembre, je vais au travail. Sur la piste, on démolit les maisons pour empierrer la piste.
Le 22 novembre, je travaille sur la piste de Brusnick à transporter des pierres pour empierrer la piste.
Le 23 novembre, je prends la garde au matériel. Le matin il y a une jolie rosée. Les avions font leurs randonnées sur les tranchées ennemies.
Le 24 novembre, je prends encore la garde au matériel des pionniers. Le soir on va relever la 5ième compagnie à la tranchée Deussaigne. Le temps est labouré par les obus. Les abris sont presque démolis
Le 23 novembre au matin, je sors de la sape pour regarder le secteur qui n’est pas calme. La tranchée est beaucoup démolie par les obus, mais les bulgares nous laissent tranquilles.
Le 26 novembre, le secteur paraît plus calme que d’habitude, mais sur notre gauche, le secteur n’est pas trop tranquille.
Le 27 novembre de bon matin, un avion bulgare survole nos lignes pendant 3 fois à 10 mètres de hauteur. Mais à la troisième fois, il est abattu en flammes entre nos lignes par le tir des fusils et des mitrailleuses.
Le 28 novembre pendant la nuit, les bulgares sont venus chercher l’appareil. La journées est assez tranquille mais avant la nuit, nous envoyons deux rafales d’obus.
Le 29 novembre, le matin est assez tranquille, mais la soirée est mauvaise. Chaque demi-heure, une rafale d’obus s’amène. On est obligé de rester dans la sape.
Le 30 novembre, il fait beau temps, mais une gelée blanche recouvre le sol. L’après midi, les bulgares nous envoient quelques rafales d’obus sur nos tranchées.

décembre 1917

1er décembre, il fait beau. Les avions ennemis font leurs randonnés sur nos lignes. À la tombée de la nuit, une rafale d’obus tombe sur nos tranchées.
Le 2 décembre, il fait beau temps. On touche des bottes de tranchée pour prendre la garde, pour se garantir du froid.
Le 3 décembre, à la soupe du matin, la neige tombe. Il fait froid. Les bulgares nous laissent tranquilles pendant toute la journée.
Le 4 décembre, le sol est recouvert encore d’une couche de neige. Le soir à 9 heures, on est relevé de première ligne par la première section pour aller en réserve. Là, on a un bon abri pour pouvoir se reposer.
Le 5 décembre, la neige recommence à tomber, le froid est vif et l’artillerie ennemie ralentie son activité.
Le 6 décembre, le réveil est un peu mouvementé. Le froid est si vif que le pain et le vin sont gelés.
Le 7 décembre, la journée est très calme. Malgré le mauvais temps, les avions ennemis survolent nos lignes. La nourriture commence à être mauvaise.
Le 8 décembre, les bulgares semblent ralentir leurs tirs sur nos lignes à cause du mauvais temps.
Le 9 décembre, il fait beau temps, une escadrille française viens de bombarder du côté de Resna.
Le 10 décembre, le beau temps semble revenir, mais le soir, il y a un bombardement de torpilles de part et d’autre sur le mont Posen.
Le 11 décembre, le temps est à la neige. L’après midi, la plaine est dans le brouillard. Tous les poilus se promènent sur les tranchées.
Le 12 décembre, presque toute la journée, les bulgares bombardent Posen avec des mines. Le soir, ils tentent un coup de main.
Le 13 décembre, il fait beau temps. Le soir vers trois heures, les bulgares déclenchent un tir de barrage sur nos tranchées.
Le 14 décembre, on attend la relève avec patience. C’est à 8 heures que la 10ième compagnie nous relève. C’est la pagaille. À 9 heures, on arrive au cantonnement de Brusnick.
Le 15 décembre, on a repos pour laver notre linge. Le soir, il y a une revue d’armes par notre chef de section.
Le 16 décembre, repos toute la journée. La neige tombe. Le soir, mon escouade va travailler au moulin de Zézélie.
Le 17 décembre, la neige tombe encore, le froid est vif.
Le 18 décembre, il fait beau temps. L’après midi, le brouillard s’élève.
Le 19 décembre, un brouillard épais s’élève. On en profite pour aller travailler près d’un ruisseau. Cela consiste à faire des abris pour des mitrailleuses.
Le 20 décembre au matin, le sol est recouvert d’une gelée blanche. L’après midi, les bulgares envoient quelques obus sur le village de Brusnick.
Le 21 décembre, le matin et le soir, les bulgares bombardent Brusnick et quelques-uns arrivent à nos cantonnements. On est obligé de renter dans nos sapes.
Le 22 décembre, les bulgares bombardent de nouveau pendant la journée. La pluie n’a pas cessé de tomber.
Le 23 décembre au matin, le sol est recouvert d’une couche de neige et toute la journée, elle n’a pas cessé de tomber.
Le 24 décembre, il fait beau temps, il y a distribution d’effets : deux paires de souliers par hommes. Pour le réveillon de Noël, la compagnie nous achète des amandes, du saucisson, des figues et des mandarines.
Le 25 décembre, le temps est au beau. Les avions ennemis survolent nos lignes. Le soir, on va relever la 6ième compagnie à la côte 1248. La relève s’effectue très bien.
Le 26 décembre, la journée est très calme, mais le temps est à la pluie. Le froid est vif à cause du vent qui souffle.
Le 27 décembre, il fait mauvais temps, vers 11 heures du soir, un violent tir de barrage se déclenche du côté bulgare. Mais il n’y a aucune action d’infanterie.
Le 28 décembre, pendant toute la journée, les bulgares font des tirs de réglage sur nos tranchées de première ligne.
Le 29 décembre, messieurs les bulgares font des tirs de réglage des grosses pièces sur nos tranchées. Notre général de brigade Colin est tué par un obus à Brastindol.
Le 30 décembre à 1 heure du matin, un violent tir de barrage se déclenche du côté des bulgares, qui va de Posen à la côte 1248. Mais à ce violent tir, il n’y a personne de blessé et cela est dû à une de nos patrouilles.
Le 31 décembre, les bulgares sont tranquilles pour le dernier jour de l’an.













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