1918 en Salonique



Agenda pour 1918 de monsieur Roig jean
58ième d’infanterie, 2ième compagnie, secteur postal S15

janvier 1918

Le 1er janvier à l’ordinaire, on touche un litre de vin, deux mandarines, des figues, un cigare pour ajouter un peu plus à l’ordinaire. Messieurs les bulgares, de leurs tranchées, nous souhaitent la bonne année et disent que la guerre va vite finir. Derrière leurs lignes, toute la nuit des coups de fusils partent de tous les côtés, la journée est assez calme
Le 2 janvier, le matin, il fait beau temps. L’après midi, la brume recouvre toute la plaine, empêchant l'artillerie d’observer les tranchées. La nuit vient, il fait tellement noir que l'on ne voit pas à un pas devant nous et pour aller porter la soupe en première lignes, cela devient difficile.
Le 3 janvier, il fait beau temps, les avions ennemis vont survoler à l’arrière de nos lignes. L’après midi, les crapouillots de bulgares exécutent des tirs sur la 1ière compagnie qui se trouve au grand boche, sur les tranchées de réserve du 157, mais tout se passe très bien, sans y avoir un duel d’artillerie. Monastir est bombardé.
Le 4 janvier, le temps se gâte, le soir il neige. A la nuit, le sol est recouvert d’une couche de neige de 15 centimètres. Mon escouade est relevée de première ligne par la 4ième section. Il fait froid, le sol est gelé, les mulets ne peuvent pas monter le ravitaillement jusqu’au Redon.
Le 5 janvier, il fait beau temps, mais le froid est vif. Les avions ennemis survolent nos lignes sans être beaucoup inquiété par notre artillerie. Le soir, on touche le ravitaillement un peu plus loin. Il fait si froid, que le vin à mesure qu’il coule du tonneau, se gèle.
Le 6 janvier de bon matin, les avions ennemis survolent nos lignes mais pas d’action de l’artillerie. Le soir, au ravitaillement, on touche une bouteille de champagne à quatre qui était dû le jour du premier de l’an. Je suis obligé de me couché car la tête me fait mal, sûrement un coup d’air en sortant de la sape.
Le 7 janvier, il fait beau temps. Dans le boyau que l’on a fait face aux bulgares, il y a trop de trafic et messieurs les bulgares nous obligent à rentrer dans la sape en vitesse mais cela ne dure pas longtemps.
Le 8 janvier, il fait beau temps. Quelques mines tombent sur la première compagnie, mais cela ne dure pas. Le travail des sapes se continu avec rapidité car les petits abris qu’il y a dans le boyau s’écroulent avec la pluie.
Le 9 janvier, il fait mauvais temps. Le soir à la tombée de la nuit, la pluie tombe à torrent. Les boyaux sont remplis d’eau. Pour toucher la soupe ce n’est pas le filon, mais au bout d’une heure, le temps se remet au beau.
Le 10 janvier au matin, la neige tombe, le sol est vite recouvert d’une couche de 15 centimètres. Dans les tranchées bulgares, personne ne doit s’y retrouver car beaucoup de poilus se promènent sur leur tranchée tout près des lignes. Le froid est vif
Le 11 janvier, le froid est toujours aussi vif, mais messieurs les bulgares bombardent la 1ière compagnie qui se trouve sur la route de Resna à Monastir avec de gros miners mais personne n’est touché.
Le 12 janvier, le froid est encore vif, ils ne peuvent pas monter notre ordinaire au Redon. L’ordinaire sera un peu mieux car c’est de nouveau le gouvernement qui doit nous nourrir. Auparavant c’était la compagnie qui achetait toute notre marchandise.
Le 13 janvier, il fait beau temps. Le soir on monte le sac pour être relevé. C’est à 9 heures que la relève arrive. C’est la 10ième compagnie qui nous remplace mais cette fois,on ne va pas au repos à Brusmik. On va à la tranchée d’Alger en réserve tout près de la butte de Brastindol.
Le 14 janvier, il ne fait pas trop froid dans nos petits abris qui se trouvent tout près d’un petit ruisseau. Le soir, les Bulgares lancent quelques fusants sur la butte de Bratindol qui se trouve en face de nous
Le 15 janvier, le temps se gâte, mais sur le soir il se remet au beau. Les Bulgares sont tranquilles, la section va travailler à faire un boyau pour le colonel pour qu’il puisse aller en plein jour dans les lignes sans être vu.
Le 16 janvier, il fait un temps splendide, on prend le soleil comme des lézards. Les avions ennemis survolent Monastir mais ils sont bien reçus par notre artillerie.
Le 17 janvier de bon matin, Bratindol reçoit des 88, nous on se trouve à 200 mètres plus en arrière, on est obligé de faire attention pour ne pas recevoir des éclats.
Le 18 janvier, la journée est une des plus belles de cet hiver, les avions ennemis survolent nos lignes, voilà bientôt quinze jours qu’on n’avait pas vu un avion
Le 19 janvier le beau temps dure mais le matin il y a une jolie gelée. Toute la journée, des obus de 105 tombent sur la butte de Bratindol venant de derrière la côte 1248 mais personne n’est touché.
Le 20 janvier, on quitte la tranchée d’Alger à 6 heures du matin pour aller au village de Brusnick prendre une douche. On réussi un beau temps, on repart le soir quand il commence à faire un peu nuit.
Le 21 janvier, les avions ennemis survolent nos lignes sans être beaucoup embêté par notre artillerie. Il fait un temps magnifique et voilà quelques jours que le secteur est très calme.
Le 22 janvier, il fait beau temps. Tout en faisant bouillir de l’eau pour laver mon linge, je m’ébouillante le pied droit, mais ca ne fait pas grand-chose. La peau saute un peu. Le soir je ne me fais pas porter malade.
Le 23 janvier, le matin, le brouillard commence à s’élever et les rayon du soleil parviennent à le percer et le faire disparaître. Le soir on monte le sac, on relève la 5ième compagnie que nous allons relever à B1. A 8 heures et demie la relève est terminée, le secteur paraît assez calme.
Le 24 janvier, il fait beau temps, mais on ne peut pas trop se montrer. Le soir je me fais porte malade pour ma brûlure, je suis exempt de service. Le major m’a crevé toutes les ampoules que j’avais avec les ciseaux.
Le 25 janvier, le temps est à la pluie, mais la journée se passe très bien. Le soir à la visite, je suis exempt de service pour 2 jours. Je pense qu’au lieu de guérir, c’est bien plus mauvais. Dans la section il y a un changement d’escouade, moi je ne change pas.
Le 26 janvier, il fait un temps magnifique. Les bulgares nous envoient quelques rafales de 88 sur nos tranchées, mais tout fut calme.
Le 27 janvier. Le soir je vais à la visite et je suis deux jours de plus exempt de service.
Le 28 janvier. Belle journée. Nos avions de reconnaissance en profitent pour repérer les batteries bulgares que notre 155ième cherche à démolir. J’ai reçu ce soir le couteau à cran d’arrêt dans le colis.
Le 29 janvier, il fait beau temps, mais la température s’est refroidie un peu. Le soir je vais à la visite : toujours exempt de tout service ; je tire la flemme comme je peux.
Le 30 janvier, il fait beau temps, notre aviation fait faire des tas de réglage à notre artillerie sur les batteries bulgares se trouvant derrière la côte 1248.
Le 31 janvier, pendant toute la journée il fait très beau temps. À la tombée de la nuit la 3ième compagnie va enlever un petit poste bulgare. Tout marche bien, mais les bulgares furent tués parce qu’ils ne voulaient pas se rendre, criant "camarade" en allant du côté de leur tranchée.


Frontière que chaque pays aurait voulu avoir : la Bulgarie n'est pas d'accord avec la Serbie et la Grèce qui font cause commune.



février 1918

Le 1er février, il fait froid, les cimes des montagnes sont couvertes de grêle mais le calme règne dans le secteur.
Le 2 février, il fait beau temps. Notre aviation traverse les lignes ennemies. Le soir, on va relever la 1ière section en première ligne. À 9 heures, la relève est faite, chacun a un petit abri pour se mettre à l’abri de la pluie.
Le 3 février, le temps se gâte, toute la journée les bulgares arrosent toute la plaine avec des (obus de) 88, au mont Posen avec des torpilles, mais la nuit tout se remet au calme.
Le 4 février, il fait froid, je reste couché dans mon petit trou. Je change d’escouade de la 12, je passe à la 11 comme B.B. : en 10 jours on a changé 3 fois d’escouade.
Le 5 février, le temps se gâte, le froid commence à être vif. Sur le mont Posen, il y a des échanges de torpille, des bombardements violents sur notre droite, au lointain.
Le 6 février au matin, il y a une forte gelée blanche, mais il fait beau temps. Nos avions survolent les lignes ennemies, faisant exécuter aux batteries lourdes des tirs sur les batteries bulgares. Le vent nous apporte le bruit sourd d’un violent bombardement du côté de la bouche de Cerna.
Le 7 février, le matin, il fait froid à cause de la gelée blanche, mais pendant toute la journée le soleil a chauffé. Le secteur est calme, il y a quelques (obus de) 88 (qui tombent) sur nos tranchées.
Le 8 février, il fait beau temps, notre aviation fait son travail de chaque jour. Pour le soir, on reçoit des renforts à la section, il y a un homme et un aspirant.
Le 9 février, le beau temps continu, notre aviation est moins active que les autres jours.
Le 10 février à 10 heures le matin, notre artillerie lourde exécute des tirs de destruction sur les ennemies, mais ils ne se laissent pas faire et répondent de suite.
Le 11 février, la journée fut émouvante pour l’artillerie. Vers 5 heures, on est obligé de rentrer dans la sape car les pièces de derrière la côte 1248 tirent sur nos tranchées.
Le 12 février au matin, vers 11 heures, on est obligé de rentrer dans la sape car notre artillerie bombarde les ennemies avec violence. Ce bombardement a été fait parce qu’a l’observatoire du Général se trouvait le roi de Grèce Alexandre avec le roi de Serbie Vénézélos et Guillemat. Mais le reste de la journée fut calme. Le soir on est relevé par la 10ième compagnie. On va au repos à Brusmik.
Le 13 février, il fait beau temps. On a repos toute la journée. On consacre notre journée à laver notre linge.
Le 14 février, on est au repos mais on nous pique pour la variole. Le soir, ma section va au travail dans la plaine tout près du mamelon de Bratindol.
Le 15 février, le mauvais temps recommence, toute l’après midi la neige tombe. Le soir je vais au travail au mamelon de Bratindol, malgré que la neige tombe mais personne ne veut travailler.
Le 16 février au matin, il fait froid, la neige tombe encore et ne cessera pas de la journée. Le sol commence à avoir une couche de 15 centimètres.
Le 17 février, au matin, la neige tombe, la couche est de 30 centimètres. Je m’amuse à attraper des oiseaux avec des pièges.
Le 18 février, la neige tombe encore avec de petits flocons, je fais la chasse aux oiseaux. À la nuit, j’en ai une quinzaine. On ne va pas au travail à cause de la neige.
Le 19 février, la neige a cessé de tomber, mais le temps n’est pas encore beau. Malgré la neige, le soir la compagnie va au travail dans la plaine, à l’ouvrage de Bratindol.
Le 20 février, il fait beau temps, l’après midi je descends à Monastir pour trouver Emile. Après une heure de recherche à travers les rues, je parviens à trouver son cantonnement. Le soir je remonte car je suis obligé d’aller travailler dans la plaine.
Le21 février, il fait beau temps. Émile, ayant obtenue une permission, vient me rendre visite à Brusnick. On passe toute l’après midi ensemble, le soir il se rend à Monastir.
Le 22 février, revue en tenue de campagne par le capitaine car le soir on monte relèver la 6ième compagnie qui se trouve au Redan. La relève se fait à merveille car il fait si clair que les bulgares peuvent nous voir à 3 kilomètres, mais ils sont braves (gentils) : pas un coup de canon n’est tiré sur nous.
Le 23 février, le froid est vif, le vent souffle, on est logé dans une grande sape mais avec la fonte de la neige, il pleut dedans. Le soir la neige recommence à tomber.
Le 24 février, le temps s’est remis au beau, mais le temps est tranquille. Le soir on a approfondi un bout de boyau pour faire un écoulement à l’eau. La compagnie va faire une tranchée à l’ouvrage C10. Une balle perdue tue un type.
Le 25 février, belle journée, l’après midi notre aviation en profite pour survoler les lignes bulgares.
Le 26 février, le temps est beau, mais il ne faut pas trop rester au soleil. La nourriture n’est pas trop bonne à cause du lapin d’Australie.
Le 27 février, le secteur est très calme, mais notre artillerie lourde fait des tirs sur les batteries bulgares.
Le 28 février, le temps est beau ; le soir on nettoie le boyau à côté de notre sape, c’est le seul travail que l’on a à faire.

mars 1918

1er mars, belle journée. Le soir messieurs les Bulgares font une rafale d’obus sur la batterie du ravin des Italiens avec des obus à gaz.
Le 2 mars, notre aviation profite du beau temps pour faire des tirs de réglage à notre artillerie.
Le 3 mars, le temps n’est pas beau, notre artillerie lourde fait des tirs de destruction sur les crapouillots ennemis dans le village de Bratindol.
Le 4 mars, le temps n’est pas beau, le soir on quitte le Redan pour se porter au sommet de la côte 1248, à cause que l’on renforce le front. On relève une compagnie du 210, par ce moyen la régiment n’aura qu’un bataillon en ligne et l’on fera 20 jours en première, 20 jours en réserve et 20 jours de repos.
Le 5 mars de bon matin, le bombardement commence sur les lignes ennemies à l’entrée du village de Tinova, c’est la 11ième compagnie qui fait le coup de main. C’est à 7 heures qu’ils quittent les tranchées, le coup de main est fait en vitesse ramenant un prisonnier, nos pertes sont trois blessés et un disparu
Le 6 mars, la neige tombe, mais le froid n’est pas vif, le secteur est très calme de même que le 7 mars.
Le 8 mars, les bulgares bombardent le ravin des Italiens avec des obus de gros calibres.
Le 9 mars, journée calme mais messieurs les bulgares bombardent un peu partout.
Le 10 mars, le temps est froid, le secteur est calme comme d’habitude, ainsi que le 11 mars.
Le 12 mars, messieurs les bulgares nous empêchent de manger la soupe en nous envoyant des obus de 88.
Le 13 mars, jolie journée, les avions font leur apparition. Un avion est descendu, bombardement intense sur la côte 1248. Le soir une compagnie du 157ième fait un coup de main, allant jusqu’en deuxième ligne, ne trouvant rien et au contraire, des poilus ont profité de ce moment pour se rendre aux bulgares.
Le 14 mars à 3 heures du matin, les bulgares viennent jusqu’aux fils de fer, les coupant et ils arrivent jusqu'à nos tranchées tuant une trentaine de types du 227ième et ramenant 4 fusils-mitrailleurs avec 8 poilus.
Le 15 mars, il fait mauvais temps, la neige tombe, les montagnes sont couvertes de neige mais le calme règne dans le secteur, pareil pour le 16 mars.
Le 17 mars, il ne fait pas trop mauvais temps, un avion à nous est touché par des balles de mitrailleuse et doit atterrir derrière Monastir.
Le 18 mars, il fait beau temps, le secteur est un peu mouvementé dans la plaine.
Le 19 mars au matin, la 3ième compagnie fait un coup de main à gauche de la route de Resna, mais le résultat n’est pas encore connu. Notre aviation fait son apparition.
Le 20 mars, je commence à aller un peu mieux, mon rhume commence à se guérir.
Le 21 mars, il fait beau temps, l’avion fait sa tournée sur les lignes ennemies mais le 22 mars, le temps se refroidit, il semble qu’il veut tomber de la neige. Jusqu’au 25 mars, le secteur est calme.
Le 26 mars, le temps se gatte mais la journée se passe très bien. Voilà que je suis guéri de mon rhume, maintenant j’ai la dysenterie. Toute la semaine, il y a neige et soleil.
Le 31 mars, il fait beau temps mais pour célébrer Pâques, singe sur toute la ligne (il n'y a que de la viande en boites pour manger).

avril 1918

Le 1er avril, il fait beau temps. Pour célébrer Pâques, on fait monter par les mulets de la compagnie quelques bouteilles de vin, on a fait des beignets. Le soir on rigole, quelques-uns commencent à être un peu gaies et deux types, Chabanon et Fortuné font un pari de 150 francs pour se faire…...
Le 2 avril, il fait une belle journée, l’avion fait sa tournée sur les lignes, comme le 3 avril.
Le 4 avril, le secteur de la plaine est un peu plus bombardé que d’habitude par les batteries de Kulkuraccani.
Le 5 avril, notre aviation est un peu plus active que d’habitude, le (canon de) 120 long fait des tirs de destruction sur une batterie ennemie sur la route de Resna.
Le 6 avril, l’aviation ennemie est active, faisant faire des tirs à l’artillerie sur nos batteries tout près de Monastir
Le 7 avril, je me prépare pour aller aux cours des élèves caporaux à Buff. C’est 10 heures du soir, je quitte Redan, mon sac sur un mulet. Pendant le trajet on passe à Monastir et l’on couche au ravin de Smolevos.
Le 8 avril, on est tranquille toute la journée, le soir on touche deux jours de vivre pour la journée du 9 et 10 avril.
Le 9 avril à 5 heures au matin, on part du ravin de Smolévos, on passe à Bulkovo. En cours de route, on s’arrête au bazar de Lyon à Oléven. Là on ramasse une cuite. La marche est dure et à 9 heures du matin on arrive au camp de Klestina.
Le 10 avril à 6 heures au matin, on quitte le camp de Klestina, on passe à Klestina le haut, la marche est dure car la route monte tout le long. Enfin on arrive à Buff, les élèves caporaux, nous sommes logé tous dans la même maison. Le soir j’en profite pour me reposer.
Le 11 avril, on a repos toute la journée, on se promène un peu au village. Le soir un avion bulgare vient nous rendre visite. La nourriture ne marche pas trop bien, si ca continu il vaudra mieux rejoindre la compagnie.
Du 12 au 16 avril au matin personne ne vient nous demander, on reste au repos. Dimanche 14 le soir devant la mairie, il y a concert offert par la 76ième et la 30ième division. Le 16 après la soupe du matin, un type vient nous dire qu’a 2 heures, nous avons rassemblement devant la coopérative. La demi-journée fut consacrée à une petite théorie.
Le 17avril au matin, nous allons faire un peu d’exercices au bord d’une petite rivière, exercice sur les avants poste en campagne.
Le 18 avril au matin, on va à l’exercice sur les bords de la route qui va à Klestina le haut. À peine on venait de commencer la théorie, le général Paté, commandant le groupe de division passe. On lui présente les armes, mais il n’était pas très content de nous. L’après-midi on a repos.
Le 19 avril au matin, il pleut et l’on fait la théorie dans le carré sur le fusil. Le soir on copie sur un morceau de papier les principaux règlements de la théorie du soldat. Quelques notes sur son carnet.
Le 20 avril au matin il pleut encore. Théorie dans le carré. Le soir même chose, mais en allant au bureau de la compagnie du C9D, le chef nous dit que le 22 avril, on part du dépôt pour rejoindre notre compagnie.
Le 21 avril, il fait beau temps, le soir devant la mairie de Buff, il y a concert par la 30ième division car la 76 est relevée.
Le 22 avril au matin, je monte le sac et l’on se rassemble devant la coopérative. C’est à 6 heures au matin que l’on quitte Buff, la marche est fatigante, on fait une petite halte au camp de Klestina – Miquelard. On arrive au gîte d’étape d’Oléven, camp du général Colin à une heure de l’après-midi. Là on touche la soupe et des vivres pour deux jours.
Le 23 avril à 4 heures au matin, il faut repartir, il pleut. Moi je ne pars pas, j’attends le jour. Vers 7 heures du matin, il ne pleut plus, je me mets en route, je passe par Bukovo, j’arrive au ravin de Smolévos à 10 heures. Là j’attends le soir pour rejoindre ma compagnie qui se trouve à Monastir. Après la soupe, je laisse mon sac au muletier et je pars pour Monastir. C’est à 8 heures que je trouve ma section qui est logée dans une maison où il y a encore des civils.
Le 24 avril, ma demi-section est au repos, mais pour sortir en ville, il faut une permission. Mais pourvu que l’on soit en tenue, personne ne nous dit rien.
Le 25 avril à 3 heures au matin, réveil pour aller travailler au ravin des Italiens à faire des sapes. Cette sape à 8 sorties sur une longueur de 40 mètres mais elle n’est pas encore finie. À la tombé de la nuit le 40ième fait un coup de main à Posen, résultat : 4 poilus tués, 8 blessés et point de bulgare prisonnier.
Le 26 avril, on a repos toute la journée, le soir distribution d’effets de corps.
Le 27 avril, réveil à 3 heures du matin pour aller travailler au ravin des Italiens, toujours aux sapes. Le travail n’est pas très pénible. Si cette guerre dure encore longtemps, je prendrai le métier de mineur car tout le temps on travaille à faire des mines dans le rocher.
Le 28 avril, on a repos. Je fais la grasse matinée, soir et matin, je vais au marché acheter de la salade pour mon escouade. Le soir je me promène un peu en ville pour faire passer un peu le cafard.
Le 29 avril au matin, je pars pour le ravin des Italiens. Le travail n’est pas très dur, mais le chemin qui est à faire est fatigant.
Le 30 avril, on a repos, le soir je me promène un peu dans Monastir. Le secteur est calme.

mai 1918

Le 1er mai, je quitte le cantonnement à 3 heures le matin pour aller travailler au ravin des Italiens. Le temps n’est pas bien ce tantôt : il pleut autant qu’il fait soleil.
Le 2 mai, je suis de repos, j’achète de l’huile pour faire la salade à 24 francs le litre, le soir on a distribution d’effets.
Le 3 mai au matin, je vais travailler aux sapes au ravin des Italiens, mais le temps n’est pas trop beau. Un avion bulgare en profite pour voler à faible hauteur pour repérer une batterie à nous.
Le 4 mai, je suis de repos et j’en profite pour me promener un peu en ville à Monastir car la relève s’approche.
Le 5 mai, repos. Le soir, revue par le lieutenant en tenue de campagne. A 8 heures du soir, on quitte le cantonnement pour aller relever en première ligne à B1. La marche n’est pas trop pénible, on arrive aux tranchées à 10 heures. Moi, je loge au poste n°22 avec 8 autres poilus. C’est l’ancienne sape des mitrailleuses, mais elle est humide à cause qu’il pleut. Je vais relever au petit poste qui se trouve juste au réseau de fil de fer.
Le 6 mai, il fait beau temps, mais la tranchée est remplie de boue : on fait le nettoyage. Le soir quand la nuit arrive, je suis au petit poste, le secteur est très calme.
Le 7 mai, la journée, tout se passe très bien. On prend le soleil dans la tranchée : il fait bon à le prendre encore car la température est encore froide. Dans le secteur, il n’y a rien d’important à signaler.
Le 8 mai au matin, avant de quitter le petit poste, messieurs les bulgares nous envoient quelques petits (obus de) 88 fusants, qui nous font faire la carapace dans notre petit trou. Dans la journée, tout est calme.
Le 9 mai au soir, il commence à pleuvoir, mais cela ne dure pas longtemps. Il fait froid pour la saison où l’on est.
Le 10 mai, le beau temps semble vouloir reprendre, mais le soleil n’éclaire pas beaucoup. Le secteur est calme, de temps en temps, quelques (obus de) 88 tombent, mais cela n’est rien.
Le 11 mai, d’après les renseignements d’un bulgare qui s’est rendu à la 11 division coloniale, ils devraient faire un coup de main sur nous dans le courrant de la nuit : pendant ce temps, il semble que les batteries ennemies règlent leurs tirs sur nos tranchées. La nuit arrive, tout est en éveil et prêt au moindre signal.
Le 12 mai au matin, je suis de garde au petit poste, j’ouvre bien les oreilles et ce n’est pas le moment de s’endormir. Le jour arrive, je me retire du petit poste sans avoir vu un seul bulgare s’approcher de nos fils de fer. Il vaut mieux que ca se soit passé ainsi. Notre lieutenant avait tellement la trouille qu’il ne pouvait pas rester sur place, au moindre bruit, on l’entendait qui montait sur la tranchée. Dans la journée, il fait beau temps, notre aviation en profite pour survoler les lignes ennemies.
Le 13 mai, journée calme, mais la tombée de la nuit est un peu mouvementée sur la droite, avec des torpilles sur A2.
Le 14 mai, pendant la journée, il n’y a que quelques obus qui tombent dans notre secteur. Le temps n’est pas trop beau, un orage se prépare. Enfin la nuit arrive, tout est calme et le temps se met au beau. Les permissionnaires partent, il y a un convoi de 210 types.
Le 15 mai, journée calme. Il n’y a que le soir : la batterie qui se trouve derrière la côte 1248 fait son tir d’arrosage sur nos tranchées.
Le 16 mai, la journée est calme, mais le temps est orageux. L’ennemi s’acharne à bombarder une de nos batteries près de Lahcé.
Le 17 mai au matin, le ciel est couvert, la pluie tombe de bonne heure, et ne cesse qu’à la nuit. La tranchée est transformée en ruisseau, les parapets tombent et on a de la boue jusqu’aux genoux. C’est notre travail de nuit de l’enlever.
Le 18 mai au matin avant qu’il fasse bien jour, un bombardement ennemi se déclenche sur notre droite. La fin de journée est tranquille.
Le 19 mai, il fait beau temps, l’ennemi ne tire qu’une rafale d’obus sur nos tranchées pendant la journée. Le soir les mitrailleuses crachent pendant deux heures, arrosant les pistes.
Le 20 mai, la tranchée commence à sécher, mais le temps n’est pas solide. Rafale d’obus sur Posen. Le soir, c’est les torpilles et les mitrailleuses, tant d’un côté comme de l’autre, nous emmerdent pendant plusieurs heures.
Le 21 mai, le ciel est couvert, le temps est à l’orage et le tonnerre gronde au lointain.
Le 22 mai, messieurs les bulgares s’amusent à faire quelques tirs sur nos tranchées, mais tout est calme. Le soir, il fait encore un orage, mais la pluie ne dure pas longtemps.
Le 23 mai, la journée est calme, il n’y a que le soir où il y a eu une fausse alerte : par la maladresse d’un type qui en touchant des grenades au petit poste, une grenade fuse et il n’avertit pas son camarade qui est blessé.
Le 24 mai, profitant du beau temps, notre aviation vient survoler les lignes ennemies sans être beaucoup emmerdé par l’artillerie.
Le 25 mai, il fait beau temps et les avions ennemis viennent survoler nos lignes. L’artillerie est plus active que d’habitude.
Le 26 mai, le temps semble à nouveau se gâter, mais l’ennemi reste tranquille. Le soir, on fait par groupe un ballot des grandes couvertures pour les porter au poste du capitaine : les mulets nous les portent à Créhovo.
Le 27 mai, il fait beau temps, le secteur est tranquille. Le soir, on se prépare pour la relève. C’est 10 heures 30 que la relève arrive : c’est la 5ième compagnie qui nous relève, une fois les consignes passées. On part, on passe par le chemin de Bratindol, puis le route de Mesina qui nous conduit directement à Monastir. On est logé au même cantonnement que la dernière fois.
Le 28 mai, se trouvant à Monastir, on peut se promener en ville. Le soir on monte le sac, le temps est à la pluie. C’est 9 heures, on quitte Monastir, la pluie commence à tomber, la marche est pénible. Mais jusqu'à Bukovo, cela peut encore aller, mais le plus dur est pour monter à Oréhovo car pendant tout le temps la piste monte. De la section est arrivé avec le capitaine seulement cinq types. On est logé dans des baraquements.
Le 29 mai, on a repos, mais le soir on touche les effets kakis avec le casque en liége. À 6 heures, revue par le lieutenant dans la nouvelle tenue.
Le 30 mai, je ne vais pas au travail le matin, on a la revue de cuirs, de vivres et de réserve par notre lieutenant.
Le 31 mai, à 3 heures au matin, réveil pour aller travailler. Il y a du brouillard, on dirait qu’il pleut mais malgré cela on va quand même travailler. À peine arrivé au sommet de la piste qui va à Zlokukjan, la pluie se met à tomber fort. On rebrousse chemin et l’on rentre au cantonnement. Le soir on a la revue d’arme.

juin 1918

Le 1er juin au matin on nous laisse tranquille, mais le soir on va travailler. On trace une nouvelle tranchée sur les pentes de l’ouvrage Bizerte. Le travail n’est pas trop pénible et l’on rentre de bonnes heures
Le 2 juin comme c’est dimanche, on a repos, mais à 10 heures, il y a une revue de cantonnement par le capitaine et le commandant.
Le 3 juin, réveil à 3 heures du matin. On va travailler à l’ouvrage de Bizerte. On creuse la tranchée plus profonde de 20 centimètres sur 10 mètres de long. Le soir, il y a la douche pour la compagnie.
Le 4 juin, toujours au travail. Le soir, pour repos, on va au tir à pied à la côte 2091. Sur 8 balles, je fais un point. Pareil le 5 juin mais avec une revue d’arme par le chef armurier.
Le 6 juin, on ne va pas au travail. Le matin, on fait un peu d’exercices, le soir au rapport : on nous lit la liste des permissionnaires et moi j’y suis parmi le nombre.
Le 7 juin, on va au travail et je fais office de caporal. Le soir à 4 heures, on a une alerte. On monte les sacs et l’on quitte le cantonnement, on descend dans le ravin. À 6 heures, l’alerte est finie.
Le 8 juin, on va travailler à tracer une tranchée aux pentes du col de Oréhovo, l’après midi, exercice, jeux et lancement de grenade. Au col d’Oréhovo, on nous fait voir comment se lance une torpille pour détruire les fils de fer.
Le 9 juin au matin, l’agent de liaison vient m’annoncer que je suis nommé caporal. Le soir je descends à Bukovo.
Le 10 juin, ma section va au travail, mais moi je n’y vais pas. L’après-midi on a repos. Le soir à la visite, il y a beaucoup de malades. Le travail est suspendu le 11 et repos le 12 toute la journée. Le soleil chauffe.
Le 13 juin, il fait beau temps. Le soir, je monte le sac et à 6 heures, je pars pour aller reconnaître le secteur de ma section à Sander, le ravin des Italiens. On passe par Monastir où l’on touche l’ordinaire. C’est minuit quand on arrive à Sander, la côte est dure à monter.
Le 14 juin, je me suis reposé toute la journée car j’en avais besoin. Le soir je descends en bas du ravin pour conduire ma section. À minuit, la relève est terminée, je suis fatigué et je me couche de suite.
Le 15 juin, je ne me lève pas de bonne heure ; enfin on nous laisse la journée tranquille pour se reposer.
Le 16 juin, on boit le jus à 5 heures car il y a des hommes qui descendent travailler aux sapes en bas du ravin.
Le 17 juin au matin je descends au travail, la journée se passe très bien, il fait chaud.
Le 18 juin de bon matin, on est réveillé par un violent bombardement dans la plaine et sur la côte 1248, occasionnant (des dégâts) à cause que les Bulgares lancent des obus à gaz.
Le 19 juin, il fait beau temps, notre aviation survolent les lignes ennemies. Aux sapes du ravin ; il y a eu 3 poilus brûlés par de la poudre noire. Ils avaient, sans faire attention, mis le feu aux sacs de poudre.
À partir du 20 et jusqu’au 30 juin, mon travail est de surveiller deux hommes qui sont entrain de faire une salle à manger pour le commandant. Le 27 juin, le commandant nous paye un kilo (un litre de vin rouge).

juillet 1918

Le 1er juillet, la salle à manger est finie. Mon nouveau travail est de m’occuper de la relève des hommes de garde qui sont pour le gaz.
Le 5 juillet, tout mon travail est de faire des briquets
6 juillet : Le soir on est relevé par la 6ième compagnie et l’on va relever la 10ième compagnie en première ligne à A1.
7 juillet : je suis fatigué de la relève, le secteur est calme, mais il faut se méfier des petites torpilles.
Le 8 juillet au matin vers 3 heures 15, un type de mon escouade, en étant au petit poste, tire un coup de fusil sur mon chef de section l’aspirant, lui traversant la cuisse gauche. On est obligé d’aller le chercher dans les lignes et le transporter au poste de secours avant le jour.
9 juillet : garde toute la nuit et mesurer combien il y a de mètres entre les petits postes.
10 juillet : garde toute la nuit. Les hommes refusent d’aller au travail en prenant la garde.
11 juillet : garde toute la nuit et je m’occupe des travailleurs.
12 juillet : garde toute la nuit. Je fais transporter 80 piquets dans un bout de tranchées avancées pour faire un réseau de fils barbelés.
14 juillet : de bon matin, une escadrille d’une quinzaine d’avions va bombarder les dépôts de munitions et de matériels du côté de Resna.
14 juillet : à l’occasion de la fête nationale, le gouvernement nous a offert une jolie ceinture pire qu’un ballon dirigeable boche.
Le 15 juillet au matin, messieurs les bulgares, croyant que l’on allait faire un coup de main, déclenche un tir de barrage mais il ne dure pas longtemps, un quart d’heures seulement.
Le 16, il fait une chaleur accablante. Le soir on fait des bobines de fil de fer barbelé pour finir un réseau.



Fin des notes











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